The Noise of Time (la rumeur du temps)

Ce n'est pas seulement la beauté poignante du dernier quatuor, écrit par Chostakovitch un an avant sa mort, qui se laisse entendre dans The Noise of Time. L'exécution de cette partition, assurée par les cordes de l'Emerson String Quartet, s'accompagne aussi de l'évocation d'un homme et de la peinture d'une époque. Tantôt c'est le tintamarre que fait le succès, lorsqu'à 20 ans, Chostakovitch jouit de la renommée. Tantôt c'est le silence assourdissant, lorsque, dès les années 30, son oeuvre, jugée décadente et formaliste par le régime stalinien, se voit condamnée à l'oubli, « indigne de la musique russe », inaudible dans son propre pays.

À cette violence qui va toujours croissant, le compositeur oppose sa musique. On y entend la mélancolie, la souffrance. Mais cette musique est portée, aussi, par le triomphe, par une force qu'on imagine puisée dans le sentiment de la nécessité intérieure. Et cela reste indemne, en dépit des ambiguïtés d'une vie.

Dans ce projet théâtral forgé à partir d'éléments apparemment dénués de théâtralité, le tragique est figuré par la présence, sur scène, des musiciens accompagnés par les acteurs comme par des ombres. Une étroite complicité lie le metteur en scène de Mnemonic et ses huit comédiens, dont les quatre solistes de l'Emerson String Quartet. Images, collages, archives sont convoqués sur scène comme autant de pièces à conviction visuelles et sonores. Bruit des temps. Bruit de la tragédie du temps présent.

Complicite en association avec Emerson String Quartet.
Emerson String Quartet  : Eugene Drucker violon Philip Setzer violon Lawrence Dutton alto David Finckel violoncelle
Complicite - Liam Steel, Tam Ward acteurs
D'après une idée originale de Philip Setzer.