Une radiocassette lisant une cassette vierge, un entretien silencieux entre deux individus, une bulle de bande dessinée, un danseur interrompu dans un mouvement par la réception d'une feuille d'instructions.
Le silence a cette force de redonner la parole aux actions, comme une chambre d'écho où l'on peut entendre sa propre voix en off se mélanger aux intentions de celui qui, sans raison apparente, marche, s'agenouille, plonge sa tête dans un sac ou commence à danser.
Un solo et Un spectacle avec première annoncée fonctionnent comme des chambres d'écho ; c'est là que Tiago Guedes attend et reçoit le spectateur. C'est à partir de cet espace commun que ses gestes gagneront en relief, une voix intérieure qui sera répercutée sur les objets qu'il manipule. Les objets sont silencieux et l'un de leurs mystères réside en cela même qu'ils se taisent. Seul l'usage que l'on en fait leur donne une voix. Détourner l'usage habituel, perturber la fonctionnalité des objets, c'est ouvrir la possibilité de nouvelles significations, c'est ouvrir une brèche dans ce mystérieux silence qui les entoure, c'est découvrir ce qui ne figurait pas dans leur mode d'emploi.
David-Alexandre Guéniot
76, rue de la Roquette 75011 Paris