Depuis plus de 20 ans, François Verret a réussi le pari de rester dans la marge tout en étant un repère essentiel de la danse contemporaine. Traçant sa route en solitaire, refusant le confort de l’institution, il a trouvé auprès des écrivains des compagnons de doute. Kafka, Schulz, Melville hier, Faulkner demain, Musil aujourd’hui sont ses complices. Musil « qui réinvente à chaque instant ce que c’est de vivre pleinement et subjectivement » ne pouvait qu’être sur son chemin. Musil et son « homme sans qualités » qui côtoie les hommes de qualité et réévalue sans cesse le réel parce qu’il en voit toutes les facettes.
Un premier spectacle, Chantier Musil par son écriture scénique rendait compte de cet éclatement du réel cher à son inspirateur. Puis, en novembre 2004, à Rennes, dans le festival Mettre en scène, en marge de Chantier Musil, François Verret proposait ce Tokyo Musil, histoire d’une relation entre un homme et une femme qui partent ensemble pour Tokyo puis pour d’autres villes du monde.
Leur voyage est aussi l’itinéraire d’un amour, les premières années, les rencontres avec la réalité, les questions sur la liberté et le désir. Plusieurs écrans rendront compte de leur itinéraire ; l’écran bloc note, l’écran qui reprend les moments les plus importants de leur voyage, l’écran qui donne une vision subjective des villes visitées selon que c’est l’homme ou la femme qui filme et l’écran des souvenirs les plus dérangeants. C’est dans cette fragmentation et recomposition du réel que nous retrouvons Musil. Deux mannequins et François Verret lui-même sont les protagonistes de cette troublante exploration de l’amour et de la pensée.
17, boulevard Jourdan 75014 Paris