Trente ans de vie de couple entre Léviva et Yona Popokh. Trente années à s’user l’un l’autre, à se mal aimer. Trente années de petites joies, de grandes espérances, de lâchetés et d’inévitables compromis. Et cette nuit-là, dans la moiteur nocturne d’un camping quelque part en Israël, ces deux petites planètes isolées vont entrer en collision.
Comédie acide. Mélange d’humour féroce, de trivialité, de violence et d’absence de complaisance, Hanokh Levin brosse le tableau chaotique et dérisoire de l’humaine condition coincée entre les vicissitudes de la vie et ses aspirations « héroïques ».
Une laborieuse entreprise in Théâtre choisi I, Comédies. Éditions Théâtrales, éditeur et agent de l’auteur.
Texte français de Laurence Sendrowicz.
« L’humour d’Hanokh Levin, bien mis en valeur par la mise en scène de Myriam Azencot est d’une brutalité inouïe. » Jacques Nerson, L'Obs
« Hanokh Levin interroge les bassesses humaines dans un style puissant et acide. Myriam Azencot a choisi d’en mettre en lumière tous les excès. L’option se révèle payante. Les trois comédiens font preuve d’une belle énergie. » T. G., Pariscope
« Une comédie déjantée grinçante et poignante qui dépeint la quête quotidienne du bonheur. Un trio d’acteurs parfaitement accordé, un texte incroyable qui attaque et surprend. Un décor minimaliste et une mise en scène très réussie de Myriam Azencot. C’est cruel et surprenant comme la vie. » Sylvie Bensaid, Tribune Juive
« C’est drôle et cruel, tendre et méchant, pathétique et attendrissant. » Ouest France
« Drame de la quotidienneté, la tragédie du couple au cœur d’« Une laborieuse entreprise » est frontalement mis en scène par Myriam Azencot. » Marie-Emmanuelle Galfré, La Terrasse
« Mise en scène ingénieuse et soignée, donnant ainsi à la pièce un réalisme surprenant. Les expressions des comédiens Yann Denécé, Luciana Velocci-Silva sont étonnantes. Mention spéciale pour Cédric Revollon, son interprétation de Guntle est irrésistiblement hilarante. » Yaniv David, Culture J
« Une ovation ! » Le télégramme
« Amusant, vif et original. Une pièce exaltante et grinçante ! » Lynda Meghara, La Galerie Du Spectacle
« Tentant de marier humour acide et tragédie moderne, Hanokh Levin dresse avec Une laborieuse entreprise le portrait de cette souffrance humaine. Un miroir où chacun pourra certainement entrevoir son propre reflet. » Emilie Touat, Just Focus
« L’humour implacable d’Une laborieuse entreprise nous cueille entre deux déflagrations de la guerre domestique que se livrent Levina et Yona. Crue, irrésistible, cette pièce déjantée, pleine de mordant grince, émeut, fait rire et pleurer à la fois. » Caroline Hauer, Parisianshoegals
« Spectacle oxymorique fusionnant mélodrame et vaudeville, habité par des personnages à la limite du clownesque. » Louise Pierga, Time Out
« Ça commence comme un vaudeville et très vite ça dérape du côté du tragique, mais sur un mode grotesque, voire complètement loufoque. La mise en scène, fidèle au texte qui mêle allégrement les registres, s’offre toutes les libertés, assumant jusqu’aux excès. Originalité et démesure ! » Corinne Denailles, Web Theatre
« Une comédie acide, féroce et pathétique à ne pas manquer au théâtre de Poche Montparnasse. Pour le texte du célèbre Hanokh Levin mais plus encore pour l’excellente interprétation des comédiens. » Isabelle Levy, Coup de Théâtre !
« Trois comédiens de grand talent, venus d’univers différents, donnent à ce texte un réalisme lucide, orchestré par une mise en scène inventive et parfaitement chorégraphiée. Un très beau moment de théâtre que je conseille vivement. » Patrick Rouet, Reg'arts
« Actualité théâtrale, chroniques Truculent jusqu’à l’obscène. Ce théâtre flirte avec le grotesque mais reste avant tout profondément humain et la puissance d'expression de ces comédiens fait ici merveille. » Simone Alexandre, Theatrauteurs
« Le verbe est d’une violence crue mais la force de caractère des personnages, leur fantaisie et leur insolence ne peuvent que provoquer le rire. Myriam Azencot, le metteur en scène, est « chargé d’écrire dans l’espace la parole de l’auteur » et c’est chose faite puisque l’écriture tout en nuances de Hanokh Levin se reflète dans les corps des comédiens et l’espace scénique. » Jeanne Pois-Fournier, Zone-Critique
« Avec un décor piqué à la famille Groseille et des comédiens grimés comme des clowns russes, la metteur en scène Myriam Azencot a choisi une exagération justement dosée pour une identification toute en distance. L’humour passe, la noirceur aussi, mais elle n’affecte pas le psychisme. On sort avec la banane ! » Myriam Fleuret, Comme un poisson dans l'air
Trente années à s’user l’un l’autre, à se mal aimer… Trente années de vie commune, d’habitudes, de petites vexations, de petites joies, de non-événements, d’amour aussi probablement, de bonheurs à bon marché ; comme ces vacances rituelles en camping où l’on croit vivre autrement parce qu’on dort autrement.
Elle, la chaleur l’empêche de dormir. Alors elle décide de dormir à l’extérieur pour trouver l’illusoire fraîcheur et le repos que la « chambre » conjugale lui refuse. Lui, il a bu… Peut-être pour supporter la chaleur… Plus sûrement pour chasser la hantise de vieillir sans avoir rien fait de sa vie. Et bien sûr, ces deux petites planètes, isolées dans la moiteur nocturne d’un camping aussi minable qu’improbable, vont entrer en collision. La nuit sera blanche : on s’insulte, on se déchire, on s’éloigne… pour mieux se rapprocher et faire à nouveau bloc devant l’étranger, le pitoyable voisin Gounkel venu lui aussi chercher chaleur humaine et consolation auprès de ce couple « ami ».
Sous l’apparente banalité de la situation et la drôlerie acide et crue des propos, Hanokh Levin brosse le tableau chaotique et dérisoire de l’humaine condition : coincée entre le quotidien inévitable et le mythique rêvé, entre le désir d’action et l’incapacité (l’impossibilité ? la peur ?) d’agir, elle subit, se rebelle, titube, se relève, mais avance, cahincaha, vers la fin commune, ne gardant le plus souvent au bout du chemin que le goût amer de l’occasion manquée.
C’est ainsi que, magnifiée par l’humour féroce de l’auteur et une lucidité qui n’empêche pas la tendresse, cette banale scène de ménage se révèle exemplaire à plus d’un titre : tout d’abord comme métaphore des profonds clivages qui traversent la société israélienne, mais aussi et surtout comme « tranche de vie » de ces petites gens dont Hanokh Levin s’est souvent plu à dépeindre la quête quotidienne de bonheur. L’oeuvre devient ainsi le miroir où chacun de nous peut apprendre à reconnaître et à aimer la part de rêve, d’aveuglement, de courage et de lâcheté qui est en lui. Sa part d’humanité, en quelque sorte…
Myriam Azencot
Des acteurs maquillés ? Bizarre… Des corps dessinés ? Étrange… Où sommes-nous ? À Guignol ? Au cirque ? Devant un spectacle « jeune public » où tout ce qui n’est pas la stricte imitation de la réalité est non seulement accepté mais recommandé ? Nous sommes simplement au théâtre.
Un théâtre d’acteurs. Un théâtre où le principal souci n’est pas l’imitation de la réalité mais la « mise en forme » de cette réalité. La forme étant ce qui donne sens. Encore faut-il pouvoir la décrypter, cette forme. Le travail du metteur en scène sera précisément de la donner à voir. De la rendre visible. Lisibilité, le maître mot ! Lisibilité des états, des sentiments, des situations, de la parole de l’auteur. Pour cela, un instrument privilégié : le corps de l’acteur et sa capacité à poétiser ce corps. Au théâtre, tout est métaphore, transposition, car il s’agit de passer du quotidien à la légende, de l’anecdotique à l’essentiel. Le « naturel » n’a pas sa place au théâtre, en tout cas, dans mon théâtre.
L’acteur n’échappe pas à cette règle. Et le travail de répétitions va consister à parcourir le long (jamais assez long !) et difficile chemin au cours duquel, nourri par le texte et les indications du metteur en scène, sa voix, sa respiration, son rire, sa démarche, son visage, en un mot son corps, vont devenir le corps de ce qu’on a l’habitude d’appeler « le personnage » et que je préfère appeler « l’autre ».
Le travail du metteur en scène est d’aider à cette gestation, mais aussi d’aider à l’exploration puis à la sélection de toutes les pistes ouvertes par le comédien pour ne choisir en défi nitive que celle qui arrive à la vérité de l’auteur… à « une » vérité de l’auteur… Et c’est là l’essentiel. Choisir une ligne de force et la suivre jusqu’à l’évidence. La nôtre fut cette « guerre domestique » faite d’amour-haine, d’attirance-répulsion, douloureux ballet qui s’inscrit si bien dans ces corps qu’il va falloir métaphoriser.
Le metteur en scène comme accoucheur du « corps poétique » dont parle Jacques Lecoq, signe vivant chargé d’écrire dans l’espace la parole de l’auteur. Car même si on a souvent tendance à l’oublier, « Au théâtre, la plastique est au service du drame intérieur », Charles Dullin.
Myriam Azencot
75, boulevard du Montparnasse 75006 Paris