La joyeuse France de l'entre-deux-guerres, patriarcale, coloniale et sexiste ! Les aventures très ordinaires de Victoire Bayart redonnent vie aux oublié(e)s de l'Histoire. Les ficelles du théâtre et du cabaret tricotent un récit alerte traversé d'émouvantes figures féminines.
Léger comme une comédie musicale, ponctué par les chansons de Mireille, documenté comme du théâtre historique, un spectacle sensible à l'humour caustique...
Sylvie Gravagna témoigne, à travers l’histoire fantaisiste et vraisemblable de Victoire Bayart, de la vie de femmes prolétaires de l’Entre-deux-guerres, de celles qui secouèrent le phallocratisme ambiant. Légère ou grave, la comédienne est tantôt conteuse apostrophant le public, tantôt chanteuse incarnant les personnages de l’histoire et de l’Histoire : petite fille patriote, cocotte désabusée, visiteuse enthousiaste de l’Exposition Coloniale… Les “spectacteurs” sollicités en douceur deviennent tour à tour parents d’élèves compassés, employés de bureau en colère ou gréviste de juin 1936…
La fable s’articule autour des chansons de telle sorte qu’on pourrait les croire écrites sur mesure alors qu’elles sont empruntées au répertoire des années évoquées. Le tout est solidement ancré dans la réalité historique et sociale de l’époque et toutes les anecdotes et les situations sont véridiques ou fort vraisemblables.
« A douze ans, Chourinette songe déjà à son mariage. Mais ça ne la fait pas rêver. Elle qui n’a jamais subi l’autorité d’un mari d’un père ou d’un frère, pourquoi subirait-elle celle d’un mari ? Vous imaginez Jeanne d’Arc raccommodant les chaussettes de Vercingetorix ? Elle non plus. »
Chourinette Bayart aurait 98 ans… A Pantin, ville de la proche banlieue parisienne dont j’ai fréquenté les archives pour une précédente création, j’ai interviewé quelques vieilles dames charmantes dont le loisir préféré était d’aller manifester ! Parallèlement, j’ai découvert le répertoire oublié des chansons de Mireille et Jean Nohain pleines d’esprit et d’humour, très loin des clichés misérabilistes et pathétiques sur les femmes d’avant-guerre.
En inventant la vie de cette grand-mère imaginaire et idéale – à la fois la femme et la prolétaire et qui combat sur deux fronts pour s’émanciper – j’ai eu l’élan de partager et de transmettre toute cette matière historique et sensible dont nous sommes fait(e)s. En semblant distraire et faire ce qu’il me plaît.
« Seule sur scène, avec une grande générosité et juste ce qu’il faut d’espièglerie, Sylvie Gravagna parvient à donner vie, par la magie de quelques costumes, à des personnages féminins drôles et attachants. Elle exhume tout un répertoire qu’on croirait écrit sur mesure pour les besoins du spectacle, des ritournelles de la propagande colonialiste aux chansons de Mireille ou de Jean Nohain. Un regard féministe, caustique et juste sur une histoire de France pétrie de contradictions. À voir absolument. » Rosam Moussaoui, L’Humanité, Juillet 2013
« Seule en scène, Sylvie Gravagna évoque le destin à la fois fantaisiste et très vrai d’une prolote du siècle dernier, amants, guerres, émancipation, deuxième sexe, et, mine de rien, c’est un manifeste féministe qu’elle nous livre là, qui chante et qui pétille. » Jean-Luc Porquet, Le canard enchainé, 20 Juillet 2011
« A partir du corpus des chansons de Mireille et Jean Nohain, Sylvie Gravagna a écrit cette “comédie historico-musicale” sur les joies et les misères des petites Parisiennes des années 30. Une jolie manière de retrouver ce répertoire musical, aux ritournelles espiègles, sans aucune trace de nostalgie. » Clémentine Deroudille, Télérama, Mars 2013
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