A partir de 5 ans.
Comment aborder la question de la migration avec les enfants ? Victor bang, dernière création de la cie L'éventuel hérisson bleu, en propose une approche métaphorique. Migration cosmique, migration affective, migration contrainte, le mystérieux voyage de ce petit orphelin, Victor, est l'histoire de toutes les migrations. Accompagné de Marie Moon, une autre enfant perdue, et de Monsieur Mo, un épicier du soir, Victor doit dessiner une nouvelle carte du monde. Sur scène, deux comédiens et une chanteuse lyrique sont à tour de rôle narrateurs et personnages de cette fable épique.
Antoine Thiollier (texte et mise en scène) a été Lauréat du premier prix Jean-Jacques Lerrant des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre en 2012 pour son premier texte.
Après les représentations, les comédiens emmèneront les enfants qui le souhaitent voir l'exposition Nature(s) qui se déroule en même temps (en lien avec la COP21), pour notamment écouter les étoiles avec l’œuvre de Charlotte Charbonnel.
(...) De la longue allée noire
Une petite lumière sur le côté
De loin on la voyait
Je me demande si ce n’est pas...
Quoi ?
Un arabe.
Un arabe ?Tu sais un arabe
Un magasin
Ouvert la nuit comme les étoiles
Et parfois c’est un arabe, comme les gens disent
Parfois c’est un asiatique, aussi
Parfois c’est un blanc,
Ca pourrait être moi si je ne devais pas dormir (...)
Je souhaitais avant tout travailler sur l’épique, c’est-à-dire placer les acteurs et la narration, les voix, au premier plan. Les comédiens sont à tour de rôle narrateurs et personnages de la fable. Le jeu que cela induit a été au centre du travail pour faire advenir l’histoire ; les trois voix travaillant en vérité le même poème — c’est ainsi que le texte est écrit.
C’est volontairement que ce texte, même s’il n’est pas le seul élément du spectacle, est resté très présent ; il s’agit non pas d’abreuver le (jeune) public de tirades mais de faire sentir le texte comme une matière — exigeante ou ludique, tantôt plus narrative que la musique, et tantôt non. En sommes, nous avons voulu rythmer la parole, la soutenir et la libérer. La basse — qui figure également le petit sac qui contient les étoiles — et le chant — souvenir sensible de la mère — donnent au récit une forme d’avenir et d’espoir.
La scénographie est plutôt légère (une table, une chaise, un matelas) et figure un intérieur pauvre. C’est la lumière — ostensiblement présente — qui fait le décor et anime l’espace. Mais la lumière se raconte aussi elle-même, car nous parlons des étoiles, qui sont au fond de simples rayons lumineux qui nous parviennent. Aussi, nous avons conçu, avec Luc Michel, des éclairages qui utilisent les techniques et les principes fondamentaux de la lumière (trichromie, ombres, fuites, éclipses) comme un jeu naïf devant les ampoules pour raconter « notre » histoire.
Antoine Thiollier
1 rue Charles Garnier 93400 Saint-Ouen