Compétition au travail
Caricature du minicosme de l’entreprise
Note d'intention de l'auteur
Note d’intention du metteur en scène
Pensées des comédiens
Les deux plus grands cracks de la délocalisation et du plan social, dévoués et cyniques apôtres du licenciement, se trouvent par le plus grand des hasards partager le même bureau. Un jour, ils ont tellement bien travaillé, que leur supérieur vient leur annoncer que la prochaine étape : c'est eux !!! La direction n'en gardera qu'un !
Lequel sera sacrifié sur l'autel du profit ? Joueront-ils le jeu avec fair play ? Que devient la compétition quand les deux êtres qui se connaissent le mieux s'affrontent..?
Licenciements, délocalisations et autres maux du même acabit sont au rendez-vous dans l’univers grotesque d’Yves Sauton. Deux cadres d’entreprise, grimés et perdus dans un capharnaüm d’objets plus ou moins identifiés vont se livrer à une lutte sans merci pour garder leur poste. Métaphore des petits chefs qui jonglent avec la vie des gens, la compression de personnel devient ici un jeu à la fois burlesque et cruel.
Dans un monde de plus en plus dirigé par des chiffres, ratios, grilles et autres ersatz de gestion et profit, Yves Sauton dénonce l’égoïsme, l’hypocrisie et la cupidité humaine par une caricature énergique du minicosme de l’entreprise.
Dans cette pièce cynique, veulerie et perversité, telles des cousines par alliance, s'accommodent fort bien pour avancer main dans la main sur le chemin du vice.
Vies d'ordures ou Le Poste ( titre initial, qui a eu le malheur d'être délocalisé d'Avignon à Paris ! ) est une comédie sociale.
Le départ de cette pièce vient de mes anciennes années où je me sentais l'âme d'un économiste, car oui, il fut un temps où j'étais économiste (et j'adorais cette matière, qui m'a permis d'obtenir mon BAC !), et de l'étude d'une situation idiote créée par le marché boursier.
Les petits porteurs, à qui bien souvent on fait porter le chapeau, sont poussés par les gros, à une augmentation de capital, afin de gonfler les intérêts du portefeuille, mais pour cela il faut bien sûr augmenter le rendement, ce qui ne va pas sans quelques sacrifices humains. (Mais que sont quelques emplois perdus face aux trente centimes d'euros supplémentaires acquis à la fin de l'année ! pour ceux qui n'ont que peu d'actions).
Or ces petits porteurs sont nos parents... Ceux qui pour arrondir une retraite et léguer un capital à leurs enfants, n'hésitent pas à investir et à demander plus...
Parce que leurs enfants ont de plus en plus de mal à vivre dans un monde où l'emploi se fait une denrée rare... Et donc plus le chômage augmente, plus l'inquiétude se fait croissante chez les parents, plus ils veulent thésauriser et plus les entreprises délocalisent.
Nous sommes donc dans une situation Ubuesque, mais évidemment, comme dans toute situation Ubuesque, le crime profite à quelques uns... Mais ça, c'est une autre histoire.
Comment faire entendre l'ironie, la compétitivité, la cruauté... et tant d'autres sentiments du quotidien qui nous côtoient, et qui, avec le temps, sont devenus des banalités considérées comme normales et inéluctables... Cette question nous a conduit à transposer l'univers d'un bureau dans une décharge.
C'est là, au milieu des déchets, à cette distance appropriée, qu'apparaissaient le cynisme et l'esprit guerrier, nos seules armes pour lutter contre les injustices et les rejets que nos sociétés produisent !
Olivier Cantaut, dans le rôle de Mr T :
Le titre à lui seul suscite l'intérêt chez un grand nombre de comédien. En effet, rares sont les occasions pour un individu de faire commerce de la parcelle la plus vile de sa personnalité ! Et dans cette pièce, il est non seulement permis d'exploiter notre facette de "salaud" mais il est en plus vivement conseillé de le faire avec panache et démesure !!!
En plus d'être un individu dont la jouissance première est de licencier des employés, "Mr T" est l'exemple vivant que, bien souvent, veulerie et perversité, telles des cousines par alliance, s'accommodent fort bien pour avancer main dans la main sur le chemin du vice.
En effet, ce n'est pas le courage qui l'étouffe pour s'opposer à son collègue, jadis apprécié, devenu son rival suite aux trop bons résultats de leurs sombres besognes. Lâcheté, coups bas, fourberie, retournements de veste sont ses comportements naturels en temps de crise.
Et dieu sait que le vice est souvent plus truculent à interpréter que la vertu. Ce personnage n'en manque pas, ce qui le rend presque touchant malgré tout, humain dans son inhumanité.
Il avait donc tout pour me plaire !!!
Sébastien Toustou, dans le rôle de Mr k :
Pour avoir été confronté au monde du travail et notamment dans un milieu très concurrentiel (celui de la vente et du marketing), j'ai souvent été témoin de licenciements, de délocalisations partielles et autres maux de même acabit.
Quand le texte de la pièce m'est parvenue, il a été tout de suite évident pour moi qu'il fallait créer un décalage, trouver une direction de mise en scène autre que le naturalisme pour représenter l'Entreprise, car nous nous frottons suffisamment, au quotidien, à ces univers froids et austères...
Dans un monde de plus en plus dirigé par des chiffres, ratios, grilles et autres ersatz de gestion et profit, où l'humain est trop souvent relégué , au second plan comme quantité négligeable (de la pâte à fabriquer et à vendre), nous sommes souvent démunis, toujours impuissants, et ne pouvons que subir au quotidien ces situations absurdes et ubuesques...
Mr K (le rôle que j'interprète) possède tous les atouts nécessaires ! En effet dans le schéma actuel d'une entreprise où l'incompétence, l'hypocrisie, "l'ignardise" – voir la bouffonnerie – règnent en maîtres et se mesurent souvent à la réussite professionnelle, Mr K a manifestement très bien réussi !!! Veule, torve et conspirateur sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit pour le caractériser.
Gwendoline Rothkegel, dans le rôle d'Eva :
Cette pièce est une satire de la vie en entreprise. Pour parvenir à leurs fins, les personnages sont embarqués dans un fonctionnement absurde; Ce qui, pour un comédien, est un terreau des plus fertile et surtout un bonheur à jouer.
Car n'oublions pas , que cette pièce est avant tout une comédie, qui je l'espère , divertira le public.
12, rue Edouard Lockroy 75011 Paris