Une pièce faite de croisement entre la danse afro-antillaise et la danse hip hop qui nous plonge dans un décor imaginaire de jardin tropical à l’image de ceux, florissant, des Caraïbes. Sans se départir d’espièglerie voire d’ironie, la pièce pointe surtout en filigrane la réalité difficile des Antilles.
En première partie, deux formes courtes de 30 minutes :
Lespri Ko
Du 14 au 15 janvier
Danse contemporaine
Compagnie Le Rêve de la soie
Danseuse Patricia Guannel
Le Barathanatyam se danse...
Danse indienne
Du 16 au 18 janvier
Danseuse Consuelo Marlin-Bernard, alias Lalitha
La compagnie de danse Difé kako s'inspire des cultures africaines et antillaises. A l'origine de Difé kako (expression antillaise qui signifie littéralement « quelque chose qui chauffe »), il y a la volonté de sa fondatrice, Chantal Loïal, de chercher une gestuelle nouvelle. Dès 1994, associée à Nathalie Awilo, Chantal Loïal s'attache à créer un langage chorégraphique basé sur un métissage des danses africaines et antillaises ainsi que sur les répertoires musicaux traditionnels et contemporains. L'identité patchwork des deux chorégraphes croise rapidement celle d'autres artistes d'origines variées pour finalement former une compagnie vivant aux rythmes de la diversité culturelle.
La compagnie Difé kako se compose de danseuses possédant une formation de danse pluridisciplinaire (classique, moderne, jazz, danse traditionnelle de l’Afrique de l’ouest, de l’Afrique Centrale, de la Guadeloupe, de la Martinique) et de musiciens maîtrisant différentes percussions (djembé, dum-dum, les tambours Ka, maracas, cha-cha, accordéon, basse, balafon, ti-bwa).
Les artistes originaires des Antilles, de l’Afrique Noire ou d’Europe, ont grandi dans des villes cosmopolites où ils ont pu « frotter » leur culture à d’autres, jusqu’à ce jaillisse l’étincelle créatrice. Reflet de leurs différences culturelles et de leurs divers parcours artistiques, leur travail est surtout caractérisé par le métissage.
La compagnie, toujours à la recherche d’innovation et dans un souci de diversification artistique, développe plusieurs concepts pédagogiques et chorégraphiques pour amener le public à la découverte de cette danse métissée à travers divers outils tels que :
Les créations chorégraphiques : Aski Parè (2004), Kakophonies (nouvelle version: 2001), Woulé Mango (2000), Kakophonies (1998), Hansel et Grétel (1997).
La pédagogie : cours, stages, ateliers.
Les échanges de pratiques et de formation
La mise en place et la réalisation de conférences dansées
L’organisation et l’animation de bals
Les animations chorégraphiques
La création de parades carnavalesques
Attachée au métissage qui caractérise son travail de création depuis des années, Chantal Loïal propose une nouvelle pièce faite de croisements entre la danse afro-antillaise et la danse hip hop.
Plantons un décor imaginaire… L’arbre du voyageur pousse, les flamboyants bourgeonnent, les longoses blanches éclosent tandis que les hibiscus fleurissent, les mangé-coulis grimpent. Nous voici dans un jardin tropical à l’image de ceux, florissants, des Caraïbes, à la fois véritable art de vivre et expression artistique authentique.
Ce jardin est à l’image de la culture créole, peuplé de plantes venues de toutes les régions du monde, influencé par les voyages et les récits des voyageurs, prenant un peu des jardins à la Française, un brin de l’influence anglaise et un zeste de l’esprit persan.
A l’instar de ce jardin, la pièce regroupe des styles de danses différents qui, par de multiples connexions, créent une gestuelle originale et singulière… Le pop rencontre le soukouss, le lock se mélange au boulagel, la house aux danses d’Afrique de l’ouest… Au carrefour des traditions et de la modernité se mêlent les nouveaux atomes d’une identité plurielle.
Les danses se conjuguent, les combinaisons sont infinies et s’apparentent à une musique à « variations sur un même thème », tour à tour palette impressionniste pour un Déjeuner sur l’herbe et tableau du Douanier Rousseau exprimant l’exubérance de la végétation tropicale. Le public se laissera ainsi guider dans une promenade au détour de laquelle épouvantails, jardinier, bombyx et autres papillons sauront le surprendre. Sans oublier notre « zandoli » – fil rouge de la pièce – ce petit lézard vert des Antilles, présent dans de nombreux proverbes et comptines.
Jardin ludique…
« Donnez-nous donnez-nous des jardins
Des jardins pour y faire des bêtises
D’où l’on revient des petites fleurs à la main
Quand on a déchiré sa chemise
Des jardins d’où l’on est si contents
De rentrer les genoux tout en sang
C’est pas qu’on s’embête
En bas des HLM
Mais les galipettes sur le ciment c’est pas la crème » (Pierre Perret)
Jardin mystérieux et extra-ordinaire…
« C’est un jardin extraordinaire :
Il y a des canards qui parlent anglais
Je leur donne du pain, ils remuent leur derrière
En me disant « thank you very much… »
«On y voit aussi des statues qui se tiennent tranquilles tout le jour, dit-on Mais moi je sais que, dès la nuit venue, Elles s’en vont danser sur le gazon » (Charles Trenet)
Mais ce jardin, image surannée de carte postale, sera bientôt terni, se faisant tour à tour devoir de mémoire du labeur des esclaves dans les champs de cannes à sucre, et interpellation du présent dans notre rapport à la nature par un « Je pollue ! » scandé de manière bien futile. Sans se départir d’espièglerie voire d’ironie, la pièce pointe surtout en filigrane la réalité difficile des Antilles, interrogeant l’actualité : mais que va devenir la banane créole avec les ravages du chlordécone ? Scandale dont on ne compte plus les cas de cancers avérés.
Nous tiraillant du présent au passé, qu’en dirait d’ailleurs Joséphine ? Mais laquelle ? Baker, symbole de la
liberté des années folles, ou de Beauharnais, femme métisse de Bonaparte, lequel rétablit l’esclavage ?
Chemin faisant, Chantal Loïal n’aura pas abandonné l’essentiel de sa patte jusqu’ici, l’humour… noir cette
fois.
Le titre de la pièce, Zandoli pa tini pat (le lézard n’a pas de pattes en créole), habituellement formule vocale rythmique qui imite les batteurs de tambours en Guadeloupe, est aussi une façon de nous mettre en garde contre nos insouciants méfaits...
« Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté »
(Pierre de Ronsard)
22, rue du Chevaleret 75013 Paris