Né vers 480 avant JC, sur l’île grecque de Salamis, Euripide meurt en 406.
Il est d’une génération après Eschyle (526-456), et un peu plus jeune que Sophocle, qui meurt la même année que lui (496-406). On dit qu’il a fréquenté Socrate (427-399). Les auteurs de comédie en faisaient le fils d’un boutiquier et d’une marchande de légumes, mais il appartient à la classe aisée d’Athènes. On le dit influencé par les sophistes et les philosophes, parce qu’il les cite et les discute souvent dans ses drames. Euripide reste, toute sa vie, un esprit curieux et méditatif ouvert à tous les courants d’idées. Il commence vraisemblablement à écrire à l’âge de 18 ans. Contrairement à Sophocle, Euripide ne prend aucune part active à la politique, mais n’hésite pas à placer des allusions politiques dans ses écrits.
La vie du poète est très mal connue. Euripide est un solitaire. Ses concitoyens, croyant voir du dédain dans cet isolement, ne cachent pas leur antipathie. Mal aimé à Athènes, il quitte la ville en 408 pour trouver refuge et compréhension à la cour du roi de Macédoine.
Il reçoit une immense consécration dans son pays après sa mort. On dit que Sophocle, qui l’a souvent raillé, porte le deuil à la mort de son rival. Les tragiques latins, les chrétiens, les tragiques italiens du XVIème siècle, Racine, mais aussi Lessing, Schiller et Goethe, s’en inspirent et l’admirent. Les romantiques, suivis par Nietzsche, lui font la mauvaise réputation de poète intellectuel et antitragique et de fossoyeur de la tragédie qui le poursuit encore.
Ses pièces reflètent toutes une partie de sa personnalité et ses points de vue, jugés dangereux et osés, sur différentes questions de son temps. Des 92 pièces qu’il a écrites, 17 tragédies et un drame satyrique sont parvenus jusqu’à nous. Euripide n’a été que cinq fois vainqueur des concours de tragédie. Avec Médée, il fut classé troisième (c’est-à-dire dernier) derrière Euphorion, le fils d’Eschyle, et Sophocle.
Les plus célébrées de son vivant furent Médée (431 avant JC), Hippolyte (428), Les Troyennes (415), Hélène (412) et Oreste (408). Des thèmes nouveaux, une forme nouvelle avec des actions plus complexes, une liberté dans le traitement des sujets mythiques, une inventivité musicale révolutionnaire caractérisent l’œuvre d’Euripide. Une œuvre nourrie d’un profond pessimisme, habitée par des personnages emportés par une passion unique et qui ne peuvent opposer leur grandeur au destin qui les accable. Euripide n’est pas un poète héroïque mais celui d’une humanité douloureuse, qui analyse lucidement les limites qui lui sont imposées, et transforme ces limites en motifs d’action.
On peut dire qu’Euripide a inventé une nouvelle forme de théâtre, où les situations, les conflits qui opposent entre elles les volontés humaines ou divines, l’emportent sur les contenus théologiques, ou mythiques de la tragédie traditionnelle. Avec lui, la scène trouve pleinement ses droits.
Les 17 tragédies conservées d’Euripide
Alceste (438) ; Médée (431) ; Les Héraclides ; Hippolyte porte-couronne (428) ; Andromaque ; Hécube ; Les Suppliantes ; Héraclès furieux ; Les Troyennes (415) ; Iphigénie en Tauride ; Electre ; Hélène (412) ; Ion ; Les Phéniciennes ; Oreste (408) ; Iphigénie à Aulis ; Les Bacchantes (mises en scène après sa mort).
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