Anthony Neilson est un auteur, réalisateur et metteur en scène écossais de 39 ans. On le surnomme le grand-père du mouvement théâtral « In yer face », il fut l’un de ses fervents défenseurs. Il a collaboré avec Caryl Churchill, Martin Crimp, Sarah Kane et Mark Ravenhill (dont il a dirigé la première lecture du premier jet de Shopping and Fucking), ces deux derniers le considéraient d’ailleurs un peu comme leur mentor. Il fuit un théâtre cérébral et rationnel et cherche à faire un théâtre instinctif, animal et sensuel.
Il cherche sans cesse à renouveler la forme théâtrale dans son écriture et ses mises en scène. Comme beaucoup des auteurs cités ci-dessus, il écrit la plupart des spectacles qu’il met en scène pendant les répétitions voire même à quelques heures de la première. Ceci pour rester le plus viscéral et sincère possible.
Enfant chéri du festival d’Edimbourgh aujourd’hui, invité à Londres qui l’a boudé ces dernières années et artiste associé du Théâtre National d’Ecosse, il ne se fait pas d’illusion et pense encore osciller plusieurs fois entre succès et galère. Il dit en avoir pris l’habitude et que c’est la nature même de son théâtre qui veut ça.
« Pour Neilson, l’artiste en tant qu’outsider est un mythe très puissant » Mark Ravenhill.
Il se dit dérangé par le terme « in yer face », pour lui il ne s’agit en aucun cas d’agresser le public mais de le provoquer émotionnellement pour qu’il s’implique dans ce qu’il voit. Mais ses méthodes ont évolué. Selon lui « l’histoire devrait être au centre du travail d’un auteur. Et ce que nous devons essayer c’est de mêler cela à quelque chose de nouveau.
On devrait pouvoir parler de thèmes sérieux avec le langage du théâtre de variété. En quelque sorte, on n’a pas vraiment le sentiment d’avoir vu un spectacle «vivant », s’il n’y a ni chanson ni danse. Or nous autres, artistes, sommes bien là pour faire du spectacle. Le processus créatif devrait être amusant, bête et imaginatif». Mais attention, l’homme qui dit ça est un homme qui pendant plus de 10 ans a violé émotionnellement son public.
Aujourd’hui, il s’attache avec beaucoup d’humour, à trouver les moyens de mettre en scène ce qui se passe à l’intérieur de la tête des gens, seul lieu qui théoriquement, reste inviolé par la police, la société de consommation et l’actualité. C’est un lieu absurde, inconnu, mystérieux, passionnant et infiniment théâtral.
D’ailleurs selon lui, le nouveau mouvement théâtral anglais sera « absurde. Et ses saint-patrons seront des gens comme Caryl Churchill. »
2007 mise en lecture de Le monde magnifique de Dissocia de Anthony Neilson par Catherine Hargreaves pour le Festival Les Européennes en France au Théâtre Les Ateliers à Lyon.
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