Marguerite Monnot : " La Guite " une française romantique
Née le 28 mai 1903 à Decize dans la Nièvre. Destinée à la musique depuis toujours (son père était organiste), elle travaille le piano avec Alfred Cortot et l'harmonie avec Nadia Boulanger. Elle donne des récitals jusqu'à l'âge de 18 ans mais, vaincue par la fatigue et le trac, elle abandonne sa carrière de concertiste à la veille de son départ pour les Etats-Unis. Elle se consacre alors à la composition.
Milord, l'Hymne à l'amour, Mon légionnaire, la Goualante du pauvre Jean, les Amants d'un jour, Irma la douce Compositeur de plus de 200 musiques (dont une bonne moitié pour Piaf) des années 30 à 60, la " Guite " comme l'appelait Edith, demeure une figure aussi illustre que méconnue dans l'histoire de la chanson française. Séduisante, sensuelle, discrète, et surtout distraite, elle disparut le 12 octobre 1961, à 58 ans, deux ans jour pour jour avant Piaf, qui créa avec elle la première équipe d'écriture au féminin, dès 1940.
A propos de Marguerite Monnot
Claude Nougaro : J'ai eu le sentiment d'une femme assez malheureuse. Une femme fragile, seule, avec quelque chose de tragique en elle.
Charles Aznavour : C'était Arlequin en femme, une grande distraite qui se trompait régulièrement de voiture, de porte, d'appartement, de rendez-vous. Je l'ai vue très souvent, chez Piaf, mais je ne l'ai pas connue, et je crois que peu de gens ont dû la connaître vraiment : c'était une femme secrète, préoccupée par son image et son âge, qui est curieusement passée d'un mari plus âgé à un autre plus jeune, vraisemblablement pour se rassurer
C'était LE compositeur de l'époque, celle qui a écrit la légende de Piaf aux côtés de trois auteurs : Raymond Asson, Henri Contet, et Michel Emer, qui ont "fait" le personnage, créé son univers. Après, il y a les autres, Charles Dumont, Georges Moustaki, Michel Rivgauche et moi-même, qui lui avons écrit de bonnes chansons, mais qui ne faisions pas partie de son univers d'écriture.
Georges Moustaki : Elle s'inscrivait dans une tradition, par sa culture classique et le fait qu'elle écrivait des chansons populaires, mais son génie musical apportait toujours une note, une harmonie qu'on n'attendait pas. Dans la vie, elle était aussi déroutante, très convenable, très souriante, très passionnée sous ses airs de grande dame classique, très démonstrative. Quand elle écrivait une chanson d'amour pour Piaf, elle exprimait sa passion pour l'amour, qui était le pivot de sa vie. Elle était même plus intense, en profondeur qu'Edith, qui avait besoin d'être rassurée, se jetait à la tête des hommes pour avoir une épaule où poser sa tête : ce n'était pas toujours une passion, mais parfois un besoin presque chaste d'un homme. Marguerite entretenait avec l'amour des sentiments plus profonds, plus délicats, plus secrets. Il y avait beaucoup de douceur, de délicatesse chez cette femme "forte", et puis beaucoup de modestie, de discrétion.
C'est un géant de la musique, un compositeur mythique qui a su trouver à chaque fois le "nombre d'or" de la mélodie, de l'atmosphère en même temps que de la simplicité d'une chanson, je la rapprocherais du génie de Kurt Weill. Elle avait des mélodies sur deux accords (Les Amants d'un jour), mais c'est le choix de ces notes, la justesse de l'inspiration qui faisaient la différence. Je n'ai jamais constaté chez elle une facilité, une mièvrerie. Elle a imposé à l'Amérique Irma la douce. Elle donnait une noblesse à la musique populaire.
Essaïon, Paris
« Tu mérites un amour qui balayerait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie ». Frida Kahlo
Théâtre du Casino d'Enghien, Enghien-les-Bains
Opéra de Massy, Massy Cedex
Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris
Chaillot - Théâtre national de la Danse, Paris