Protégé par le surplomb d’une falaise et les épaisses murailles d’un château, un groupe d’amis survit miraculeusement au souffle dévastateur d’une bombe à Hydrogène. Forcés de s’accommoder à la réalité dramatique d’un monde ravagé, ils tentent de construire les outils de leur propre survie avant de se retrouver confrontés à d’autres survivants. Mais l’affrontement est inévitable.
Le manque de ressources et la méfiance amènent les deux groupes à reproduire malgré eux et à petite échelle, les mêmes mécanismes que
ceux qui ont entrainé la destruction du monde. Ceux de Malevil vont devoir décider s’il est possible de préserver des sentiments humains, charité, générosité et compréhension, dans un univers de violence où la règle du chacun pour soi est devenue la norme absolue.
Dans une réflexion globale sur les choix politiques d’une société, le constat pessimiste s’impose de lui-même : La démocratie demeure fragile quand la survie est au coeur des débats.
Auteur majeur du XXème siècle, Robert Merle à signé un grand nombre de romans, salués aussi bien par la critique que par ses lecteurs.
Publié en 1972 dans un contexte géopolitique complexe, Malevil se présente comme une fable réaliste sur les difficultés rencontrées par les survivants après le drame, confrontés aux réalités d’un monde ravagé par la violence. Comme beaucoup d’oeuvres de la même période elle fait écho aux angoisses d’un monde terrifié par l’accumulation inquiétante d’engins de destruction globale et par la course folle à l’armement à laquelle se livrent des états.
Choisir d’adapter Malevil comportait une difficulté majeure. Le roman s’étale sur une très longue période, multiplie les lieux, donne à voir des affrontements à échelle réduite entre plusieurs dizaines de belligérants et met en scène l’évènement nucléaire à proprement parlé. En décidant de porter à la scène le roman de Robert Merle, j’ai choisi de concentrer mon attention sur la partie la plus politique de l’oeuvre. Cette trame de fond sur laquelle repose l’ensemble du roman, même si elle n’en était pas l’unique propos.
La question posée par Robert Merle m’a semblé à cet égard fondamentale : Dans le cas dramatique où les bombes accumulées par les grandes nations de l’occident auraient éclaté, que seraient devenus les rares survivants ? Auraient-ils été capables de tirer les enseignements nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise ? L’humanité est elle, au fond, capable de tirer des leçons de ses erreurs ? La raison positive et éclairée a-t-elle les moyens de s’imposer face au pragmatisme et à la rationalité froide des états ? Le devenir tout entier de l’humanité reposera peut-être un jour sur la réponse à cette question majeure.
Jérôme Dalotel
6, rue de la Folie Méricourt 75011 Paris