« À l’instant où j’étais Superman, c’était entre le bureau et mon lit. Imbattable. Une fraction de seconde pour faire le tour de la terre, vaincre le mal avant de m’écraser sur le lit. Un instant fulgurant où le pyjama Calida se transformait en extraordinaire combinaison bleue à cape rouge et où la couleur jaune pâle du couvre-lit se muait en champ de blés ou en paysage urbain. Vaste surface terrestre où il s’agissait de vaincre le mal absolu qui menaçait la planète. Cela avant d’aller au lit, avant la nuit, avant l’école du lendemain, avant de revoir les yeux bleus de Sonia Gerber. Enfin réussir, être là, triomphant. » Massimo Furlan
Le fil conducteur des projets de Massimo Furlan est la biographie. Une histoire simple et banale, celle d’un enfant qui devient un adolescent comme un autre. Il n’y a aucune volonté de parler de soi pour soi, comme quelque chose de particulier. Les souvenirs évoqués sont ceux de tous, ceux d’une génération tout au moins, née dans le milieu des années 60. Le travail est centré sur la question de la mémoire. Les projets naissent d’une image-souvenir, celle, en l’occurrence d’un enfant vêtu de son pyjama, un foulard autour du cou qui, avant d’aller au lit, s’imaginait être Superman, le Super Héros.
De l’anecdote, on passe au récit, à la construction de la fiction. Ne posant pas la question des limites entre les genres, les performances sont constituées "d’images longues" quasiment immobiles. Les actions très simples (un geste, un mouvement, un regard) mais prolongées, obligent le spectateur à agir et donc à inventer sa propre histoire. Au fil de ses travaux, Massimo Furlan questionne l’acte de la représentation : il revisite les icônes et aborde la question de l’échec et de l’écart entre le modèle et le vivant.
Par NUMERO23Prod. Musique Stéphane Vecchione.
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