A partir de 14 ans.
Au début de cette histoire, un banal déjeuner entre un père et son fils, perchés haut sur les falaises, face à la mer. On entend le bruit des abeilles qui butinent dans un creux de la roche. Le père a travaillé là avant, qu’il dit. Il allait chercher le miel par kilos pour gagner sa vie, pour nourrir ses enfants. Aujourd’hui, le père ne travaille plus et c’est son fils qui goûte à l’indépendance financière et à une certaine forme de reconnaissance sociale. Aujourd’hui, le père lui en veut parce qu’il a acheté un cadeau trop coûteux à sa soeur pour son anniversaire. Lui n’a pas les moyens. Alors il réagit, il sur-réagit et tout bascule. Une violente dispute éclate, elle ira loin : le fils disparaît.
Dans une succession de scènes ancrées dans la banalité de la vie de tous les jours, Abeilles nous entraîne dans les méandres des relations parents-adolescents. Dans l’intimité du foyer restent le père, la mère, la fille mais aussi le spectre d’un pays quitté il y a bien longtemps et d’un bonheur oublié. Quelle place pour chacun au sein de la famille mais aussi en-dehors ? Comment composer avec ses fragilités et ses doutes lorsque tout nous échappe ? En brossant le quotidien d’une famille troublé par l’absence, Gilles Granouillet pose un regard tendre sur ces bagages que nous portons toute notre vie et qui pèsent parfois bien lourd lorsqu’on se sent mis à l’écart.
Cette pièce n’est pas destinée à un public précis. Lorsque j’écrivais Poucet pour les grands, j’avais clairement l’idée de m’adresser à des enfants. Avec Abeilles, ce ne fut pas le cas. A postériori, me relisant je me revois à 14 ou 15 ans et je me dis : voilà un texte que tu aurais aimé entendre au théâtre. Parce qu’il est ramassé, direct et actif, parce qu’il met en jeu des personnages et des situations auxquels les jeunes peuvent facilement s’identifier. Parce qu’il nous parle d’un universel à travers une famille concrète, Abeilles me semble une pièce percutante pour ce public. L’expérience qui a été menée à Melun par la Compagnie Bouche Bée (simple lecture du texte au pupitre par quatre comédiens devant des classes de 4eme et 3eme) a largement confirmé cette impression. Les retours sont pertinents, l’attention certaine malgré la forme austère que représente une lecture pour les adolescents. Des adolescents valorisés et concernées par ce qu’ils venaient d’entendre.
Il est maintenant assez courant de proposer « un spectacle familial » dans nos théâtres. Ce concept est souvent synonyme d’une certaine légèreté dans la forme proposée. Un spectacle visible par tous parce qu’il est assez neutre sur le fond. Abeilles ne s’inscrira pas dans cette veine. La pièce se veut accessible dans la forme et ambitieuse sur le fond. Je voudrais voir des familles quitter le théâtre avec le désir d’en reparler à la maison. Je voudrais voir des classes quitter le théâtre avec le désir d’en débattre entre élèves ou avec leurs enseignants. Je voudrais que le théâtre leur apparaisse comme un art simple et actuel. Et je voudrais, bien sûr, voir des adultes, seuls ou entre adultes, partir en disant : j’ai vu une bonne pièce aujourd’hui !
La pièce est éditée chez Actes-Sud Papiers, elle est lauréate de l’aide à la création du Centre National du Théâtre.
2, place Victor Hugo 94270 Le Kremlin-Bicêtre
Voiture : partir de la porte d'Italie, prendre la RN7 en direction de Villejuif. A la hauteur de la station de métro tourner à droite, avenue Eugène Thomas puis au 1er feu à gauche rue Jean Monnet.