Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris.
Training à la corde à sauter, pieds de micro arborés en guise de mitraillettes, danseurs promenés en laisse… Les emblèmes de l’asservissement, contraint ou consenti, hantent les créations d’Alain Buffard depuis Good boy (1998), un solo culte aux frontières de l’activisme politique, qui s’affiliait davantage au courant américain de la performeuse Anna Halprin qu’à la « Jeune danse française » des années 1980.
Il faut rappeler que les thèmes de l’apprentissage et de la discipline prennent chez le chorégraphe une force singulière lorsque l’on se souvient que cet ancien interprète de Régine Chopinot, Daniel Larrieu, ou Philippe Decouflé avait lui-même déserté les scènes instituées pour imposer, contre l’idée d’un corps glorieux et invulnérable, une poésie du désœuvrement. Ainsi, dans ses « pièces chorégraphiques », stars transgenres, silhouettes emperruquées et autres figures minoritaires errent sur des plateaux blancs lumineux, souvent structurés par des actions éparses et grotesques.
Pour Tout va bien, nouvelle création qui s’inscrit en continuité de Dispositifs 3.1 (2001) et de S.E.S.A. (2009) - commande du CNDC d’Angers pour les étudiants de la Formation d’Artistes Chorégraphiques –, Alain Buffard s’attache aux stratégies d’émancipation et de diversion élaborées pour faire face aux diverses formes d’oppression. Un travail sur les structures normatives de l’éducation qui prend, selon les mots du chorégraphe, la forme d’une « guérilla ludique » et s’appuie sur un vocabulaire gestuel militaire. Tempi frappés, courses effrénées, postures martiales s’ajoutent ainsi à son répertoire pour achever d’en faire un vaste panorama des servilités ordinaires.
Place Georges Pompidou 75004 Paris