Un nouvel album pour le batteur Aldo Romano, qui, à 70 ans, multiplie les collaborations. Cette nouvelle formation lui ressemble particulièrement, lui qui n’aime rien tant que jouer avec la nouvelle génération du jazz (le saxophoniste Baptiste Herbin : 25 ans ! ou le jeune pianiste italien Alessandro Lanzoni, meilleur jeune soliste au Concours international Martial Solal en 2010) et valeurs sûres : Michel Benita à la contrebasse.
Liner notes : En 1959, le « Living Theater » codirigé par Judith Malina et Julian Beck, crée la pièce de Jack Gelber The Connection. C’est une pièce dans la pièce ; le producteur Jim Dunn et le scénariste Jaybird veulent montrer les dessous de la vie des accros à la drogue dure. Ceux ci n’ont qu’une chose en commun : l’attente de la connection (on dirait aujourd’hui le dealer, qui doit leur apporter la poudre). C’est un huis clos dans un taudis loué par un dingue, Leach. Il y a là quatre ou cinq paumés en manque et un quartet de jazz qui joue en attendant la dealer « Cowboy ».
La pièce, qui fera l’objet d’un film réalisé par Shirley Clarke en 1961, tournera à New York, Londres, Los Angeles, Italie, Allemagne, Scandinavie, avec le Living Theater et un quartet de jazz dirigé par le pianiste Freddie Redd et Jackie McLean au saxophone alto. La musique est enregistrée par la marque « Blue Note » en 1960. Ce disque m’a obsédé depuis ce temps là, par la beauté de ses thèmes mais aussi, plus tard, par ma participation en 1961 au Quartet de McLean au « Chat qui Pêche », célèbre club de jazz, et à la version française de la pièce mise en scène par Jean Colomb avec dans le rôle de Leach Jean Herbert, qui deviendra le célèbre comique pince sans rire Popeck.
Je jouais Hernie, un Portoricain complètement déjanté, batteur et saxophoniste frustré. Siegfried Kessler ou Michel Graillier au piano, J.F. Jenny Clark à la contrebasse, Nathan Davis au saxophone ténor et moi à la batterie. En 1968, au disparu théâtre des Arts et en 1969, au théâtre du Vieux Colombier, la pièce rencontre un succès d’estime, mais le sujet est trop sensible pour attirer le grand public.
Aujourd’hui, avec New Blood, je reprends la musique de Freddie Redd ; pourquoi avoir attendu si longtemps ? Et bien par respect pour le lourd tribut payé par les jazzmen de ce temps là, morts drogués dans l’indifférence générale d’une société qui n’a rien compris à leur musique. Et puis, il me faut dire que je suis un miraculé de n’être pas tombé dans la drogue dont j’étais entouré. Baptiste Herbin au saxophone alto, Alessandro Lanzoni au piano et mon complice Michel Benita à la contrebasse m’ont redonné ce New Blood, ce sang neuf dont j’avais besoin pour vous offrir cette musique que j’aime tant.
Aldo Romano
Avec : Alessandro Lanzoni (piano), Baptiste Herbin (saxophone alto), Michel Benita (contrebasse), Aldo Romano (batterie).
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