Dans le monde sauvage comme dans les sociétés modernes, les individus perçus comme intrus n’ont pas intérêt à laisser de traces. À partir du scandale humanitaire des traversées clandestines de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, le chorégraphe Alexander Vantournhout rapproche l’humain et l’animal, dans une même écriture de l’effacement.
Le travail chorégraphique se heurte sans cesse à la problématique de la retranscription : comment conserver la mémoire d’un geste, alors même qu’il n’existe que dans l’instant ? À rebours des méthodes de traduction et de toutes les pratiques de notation, Alexander Vantournhout envisage une autre écriture du mouvement à la lumière des crises politiques contemporaines. À la frontière entre le Mexique et les États-Unis, une véritable chasse à l’homme oppose les gardes-frontières aux populations qui cherchent à rejoindre le pays de l’Oncle Sam. Comme un hommage à ces âmes et à l’ingéniosité qu’ils déploient pour se faire oublier, Contre-jour met en lumière ce qui conserve le mouvement, dans le fait même de l’effacer. Entre étude du geste et alerte politique, la pièce du chorégraphe belge offre une performance surprenante, où la danse ne se soustrait jamais au contexte qui l’a fait naître et l’instant ne s’envole pas de la mémoire collective.
« Signe particulier d’Alexander Vantournhout, danseur, chorégraphe et acrobate : au spectaculaire (attendu), il préfère la délicatesse du trait, un espace qui respire et l’épure du geste. » Fabienne Arvers, Les Inrockuptibles
5 rue Curial 75019 Paris