Allons voir dehors ce qui s’y passe

• Entre le moi et le monde

D’une heure et dix minutes, pour une comédienne seule en scène, Allons voir dehors ce qui s’y passe est construit autour de textes de Rufus (Cent et une histoires inventées pour séduire Didar, Editions Seghers, 1992), comme une navigation entre le conte et le monologue, entre le moi et le monde.

Cent et une histoires pour séduire Didar est le 5ème ouvrage de Rufus. Selon les mots de l’auteur, « il s’agit d’une tentative de propagande au bénéfice du visiteur. Ah ! le visiteur prend parfois l’apparence d’un ami, d’un nuage, d’un obstacle, d’un cadeau, d’une belle ou d’un miroir. Il frappe parfois avant d’entrer, parfois après. Je suis tellement désolé d’avoir des oreilles et de ne pas l’entendre, d’avoir des yeux et de ne pas le reconnaître, d’avoir rendez-vous et de lui poser des lapins. Pourtant le but de sa visite est pacifique, le Visiteur veut seulement me rappeler que je suis un diamant qui brille de mille feux, que je suis immortel, et que je dormais pendant que les autres souffraient. »

Extrait de l’avant-propos de Cent et une histoires pour séduire Didar - Editions Seghers

Par la Compagnie Bakkaï.

• A sauts et à gambades

Au fil de textes à son image, fantaisiste et poétique, Rufus revisite le quotidien avec légèreté, émotion et surtout humour. Les grandes et les petites questions s’entremêlent. Qu’est-ce que l’amour ? Comment faire pour être heureux ? La guerre à la télévision, le clonage… Et toujours, les réponses de Rufus sont originales, parfois drôles, quelquefois absurdes en apparence, souvent émouvantes, toujours porteuses d’espoir.

Comme une jonglerie, il s’agit de saisir le fil d’histoires qui se suivent et se poursuivent dans une anarchie joyeuse. Seule la comédienne mènera le spectateur hors d’un labyrinthe où, à force d’aimer se perdre, il finira par se retrouver.

L’enchaînement des textes et la mise en scène impriment au spectacle cette allure poétique, « à sauts et à gambades » chère à Montaigne : voyager d’un univers à l’autre, de la fantaisie à l’émotion, et puis tout mélanger ; repartir pour traverser le paradis perdu de l’enfance, l’âge des possibles et rebondir dans cette énergie sur les questions du monde qui nous entoure pour bifurquer à nouveau…

C’est une surprise que nous avons trouvée dans les textes de Rufus : une sensibilité, un regard différent sur les êtres, sur les évènements de la vie, drôles ou douloureux. Allons voir dehors ce qui s’y passe est une invitation faite au spectateur d’aller se promener derrière les frontières réelles ou imaginaires… en détruisant au passage quelques barbelés avec émotion et bonne humeur, sagesse et drôlerie.

Claire Székely et Agathe Delhommeau