Une danse comme un rite de joie imaginaire, comme une transe où s'élancent et palpitent des présences tranquilles. Une évasion hors du temps.
Après avoir donné une place au texte, aux mots sur les dernières créations, nous souhaitons donner une plus grande place aux corps et à son expression pour porter et partager un propos plus lumineux. Nous poursuivons l'exploration des forces qui nous habitent, en interrogeant en priorité une des forces de vie qui permettent de sublimer le rapport à soi- même et à sa réalité : la joie. La joie, comme réponse à contre-courant du culte du drame. La joie, un pouvoir poétique sur le monde.
Nous voulons faire émerger sur le plateau les conditions d'une forme de sacré et ritualiser ainsi la célébration des forces vitales qui nous habitent. Si nous avons pu amorcer l'exploration de ces forces dans le spectacle En plein coeur en prenant comme support la pièce Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès, nous traversons ce nouveau territoire sans support dramatique, au profit d'une expression brute de l’acte dansé qui permet une focalisation plus grande sur l’engagement physique.
Ce sera cependant l'occasion de poursuivre le développement de plusieurs principes et types de mise en jeu de « l'être dansant » déjà abordés : les notions d'incarnation et de distance, les différents rapports à l'émotion.
Sans crainte de l’épure, notre ambition est d’élaborer une nouvelle mobilité, sorte d’organicité pensante, où l’expression joue de la dichotomie comme de la fusion, entre acte de penser et acte organique. En regard de la mise en forme des expériences intimes de la joie vécue au singulier, exposer, éprouver et faire éprouver les manoeuvres de convocation et d’appropriation de cette émotion par le collectif constitue l’une des envies premières du projet.
Comment le groupe tente-t-il au moyen de rituels, à la fois d’offrir les conditions de libération de cette puissance naturelle, et d’encadrer son expression en canalisant son rayonnement dans les sillons d’une connaissance commune ?
Pour cette pièce pas de dramaturgie dramatique comme ressort de construction, mais une dramaturgie qui se développe sur le caractère de rupture des actions scéniques, leur conférant un rôle plein d’événement et qui joue de ces actions en surprise et friction, suspension, abandon, ressassement… qualités qui convoquent, en évitant l’étalage béat du bonheur de vivre, les conditions de la joie et confèrent à la chronologie des faits le propre de ses caractéristiques. S’immerger pleinement dans la manifestation de l’acte au profit de l’émergence de la problématique du sens et des sens, en faisant le pari de rassembler pour les spectateurs, pris alors par et dans l’action scénique, les conditions nécessaires à une expérience « mystique ».
*amor fati ou « amour de ce qui est présent »
2, place Victor Hugo 94270 Le Kremlin-Bicêtre
Voiture : partir de la porte d'Italie, prendre la RN7 en direction de Villejuif. A la hauteur de la station de métro tourner à droite, avenue Eugène Thomas puis au 1er feu à gauche rue Jean Monnet.