Andromaque à une voix

du 15 janvier au 28 février 2005

Andromaque à une voix

CLASSIQUE Terminé

Andromaque peut vibrer d’un écho sonore et musical, le son et le chant du violoncelle sont alors une autre évidence… Visuellement la pièce se décline ainsi : un espace assez large et sombre dépourvu de décor, un long banc en bois clair, un homme en smoking, une violoncelliste dans la pénombre…

Pourquoi Andromaque ?
Interpréter seul une tragédie...

L’homme en scène est l’auteur de la pièce qui se joue
La scénographie

Ce choix, mariage d’intuition, d’impulsion et de raison est issu d’une rencontre fortuite et privilégiée avec ce texte ; texte qui s’est alors imposé comme une évidence et poursuit naturellement le parcours solitaire entamé avec L’étranger d’Albert Camus. La passion exacerbée des protagonistes d’Andromaque (les héros) et la totale non-passion de Meursault (l’anti-héros) se rejoignent dans leur extrême, cette puissance de l’excès qu’ils partagent confine à la mystique - ils refusent de tricher avec la vie, ils mènent leur logique jusqu’au point de non retour : la condamnation à mort… la mort… la folie…

Autant L’étranger appelle le silence, autant Andromaque peut vibrer d’un écho sonore et musical, le son et le chant du violoncelle sont alors une autre évidence… Visuellement la pièce se décline ainsi : un espace assez large et sombre dépourvu de décor, un long banc en bois clair, un homme en smoking, une violoncelliste dans la pénombre… l’homme annonce à la violoncelliste : «  acte I sc1 Oreste, Pylade… », puis il s’efface en ses personnages...

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Est-ce un pari, une gageure, une folie ?

Tout simplement, une envie folle ! Folle comme le choix de faire notre métier d’artiste et d’aller au bout de ce qu’il nous offre !

Le désir de vivre et donner vie à ces quatre héros sublimes et dérisoires, partager leurs contradictions, leurs douleurs, leurs bonheurs fulgurants… Avoir cet immense et orgueilleux privilège d’incarner seul les multiples facettes d’une même tragédie.

Donner à goûter au spectateur une autre forme de concentration, apparentée à celle du lecteur seul face au livre, en intimité, avec soudain une liberté nouvelle laissée à l’imagination. Une perception plus intense de l’avancée inexorable de l’œuvre - cette sensation que le voyage aura une fin, et qu’elle nous tient comme la mort tient notre vie.

L’aspect réel, mais non recherché, de performance impliquant les notions de risque et de puissance, donc d’un échange sensible avec la salle, va totalement dans le sens de la tragédie racinienne ; cette forme d’implication de l’artiste rejoint le mouvement passionnel des personnages et l’éthique de l’auteur…

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Un Racine intemporel, tout à la fois auteur, acteur et spectateur. Cette approche à trois niveaux est fascinante par la profondeur de la plongée qui se fait alors dans l’œuvre. On rejoint dans cet acte, une forme de possession rituelle, l’appropriation complète d’une œuvre par un acteur et d’un acteur par une oeuvre… un acte théâtral autre… une traversée en solitaire périlleuse et envoûtante.

Andromaque - Pyrrhus - Hermione - Oreste
Carré magique où chacun joue, dans une partie sans pardon, ce qui lui est le plus cher ; où chaque instant est tendu à l’extrême ; chaque dialogue verbal et émotionnel en porte à faux avec l’instant présent ; le bonheur toujours en retard d’un événement sur le malheur… Double intérieur qui tente de réguler le flot des passions, les quatre confidents peuvent être perçus comme la voix de la conscience. Les dialogues héros-confident s’apparenteront donc plus à une conversation entre les deux pôles d’un même être. Physiquement, il n’y aura pas de réel dédoublement de l’acteur.

A l’opposé, durant les dialogues entre héros, chacun aura une claire identité physique et spatiale. A l’intérieur de chaque acte, l’œuvre se structurant par une alternance de scènes entre héros et scènes héros/confident ; cette différente de traitement va ajouter un élément de rythme à la pièce, renforcer les notions de quatuor, et d’isolement de chaque personnage à l’intérieur de lui-même.

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Corps et Espace : ponctuation de l’acteur
Le corps absorbe et intègre les courants et contre-courants de la vie, puis les restaure dans son anatomie et sa gestuelle… L’espace est champs d’investigation, chaque personnage s’y confronte différemment, l’investit ou le rejette… Il n’a pour limite que la perte du contact avec le spectateur. Dans la continuité de L’étranger, et de ma démarche personnelle, la dimension visuelle et corporelle sera présente comme un facteur naturel, un membre à part entière du métabolisme de la pièce, l’oxygène du texte ; jamais dominant, toujours sous-jacent.

Un Homme en smoking
Un homme en smoking noir assis sur un banc d’église… rencontre des pouvoirs temporels et spirituels. Les quatre protagonistes sont des princes, des êtres d’exception réunis dans un même moment exceptionnel ! Quelle tenue réunit mieux ses différents impératifs d’exception que le smoking ? Habit qui abolit les frontières du temps et des modes…

Un banc en bois
Un banc d’église nu et sans dossier, austère, essentiel dans sa présence et son utilisation scénographique. Evocation de l’austérité janséniste, ferment racinien… et de l’essentiel de ces conflits de sentiments et d’orgueils…

Un violoncelle et son instrumentiste
Pour accompagner la double voix du poète et de l’acteur, le chant d’un violoncelle… Il sera respiration… écho ou contrepoint... présence…

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Spectacle terminé depuis le lundi 28 février 2005

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