Présentation
A propos de Animaux
suivis dautres animaux
Ambre
La presse
A la manière d’un La Fontaine d’aujourd’hui, l’auteur donne le langage aux animaux dans une farce réjouissante. L’araignée discute avec le moustique, les huîtres philosophent... En une quinzaine de saynètes, c’est tout un bestiaire pittoresque qui défile. Ces causeries animalières sont mises en scène avec un humour distancié.
A voir en famille.
Savons-nous vraiment écouter la nature ? Alain Enjary a tendu l’oreille et s’est immiscé, en évitant tout anthropomorphisme, dans l’univers animal, donnant une voix à ces vies muettes qui bruissent autour de nous. Un poisson suicidaire s’accroche à la ligne d’un pêcheur… Des oies sauvages palabrent en volant vers le nord… Deux vers luisants se demandent ce qui les a attirés l’un vers l’autre… Les oiseaux observent les étranges mœurs amoureuses des hommes qui paraît-il "vont à poil au plume"!
Les six comédiens n’ont ni masques ni costumes extravagants. Ils ne miment pas les animaux, et pourtant ils sont poissons, moustiques, souris, araignées, crapauds, chats, chevaux, et quelquefois humains… Loin des fables moralistes, les animaux
d’Alain Enjary parlent avec justesse de leurs problèmes existentiels. Ils ne jugent pas les humains, ils vivent leurs existences avec leurs soucis, leurs marottes, leurs désirs, dans des marivaudages darwiniens irrésistibles. Le miracle de ce jeu minimaliste et de ce texte dru et cru, c’est que chaque spectateur comprend qui parle. C’est un spectacle insolite et drôle, qui n’a pas été écrit pour les enfants, mais dans lequel les enfants entrent de plain-pied.
Que se passe-t-il ? Neuf heures du soir et il y a encore de la lumière chez lui.
Cette citation de Jules Renard pourrait se suffire à elle-même et donner le ton et
latmosphère du spectacle dAlain Enjary et Arlette Bonnard. Vous lavez
compris, il y sera question danimaux, dhistoires danimaux mais pas comme
chez le fabuliste qui décalque sur eux nos vertus et nos vices. Ils auront notre langage,
nos visages et nos corps, sans masque, simplement amalgamés à nous de façon à la fois
simple et ambiguë... Les spectateurs qui avaient eu la chance de découvrir animaux lannée dernière
vont pouvoir non seulement le revoir mais en plus découvrir une suite à ce spectacle
tant apprécié.
Au commencement il y a eu un premier mouvement, plutôt qu'une première idée, et même, avouons-le, un mouvement de fuite - qui aurait pu s'exprimer ainsi : fuir le sempiternel salmigondis des relations humaines, individuelles et sociales, l'inextricable labyrinthe psychologique, politique, etc, que les hommes tissent entre eux, en eux et autour d'eux.
Alors en s'embarquant avec les "Animaux", on rêvait un peu de vacances, de s'offrir et d'offrir un petit bain de jouvence, le luxe d'être bucolique et même un brin contemplatif. Seulement on ne peut pas transporter d'un seul coup toute la sous-préfecture aux champs ! Le sous-préfet aura beau faire, peut-être, encore des vers, s'extasier, et se déboutonner en toute sérénité, d'autres mettrons le doigt sur des choses horrifiques...
Voilà que dans l'herbette, on se retrouvait en face de la relation brute : reproduction, dévoration, pièges, captures, séductions, sacrifices, morsures et piqûres, appétits, besoins de tous ordres, enfin, bref, la vie et la mort dans leur vérité toute crue, comme jamais encore nous n'en avions parlé, sinon à mots couverts, - avec les bêtes, forcément, il fallait être bête pour ne pas s'y attendre !... Mais grâce à elles cela se fait, bien sûr, naturellement, avec simplicité, humour, une certaine douceur, pudeur, de la noblesse, parce qu'elles n'ont pas tout à fait peur de la même façon que nous, qu'elles soient victimes ou assassines, témoins, ou rien. Qu'elles aient de la douleur, du désir, du plaisir, de l'ennui, peut-être - qui sait ? - qu'elles aient même à faire face à des complications, complexités, perplexités, complexes - pourquoi pas ? - tout ce qu'on peut avoir, nous, qu'elles défendent leur vie, leur territoire, leur liberté, il n'y a pas de superflu, de résidu, de complaisances, pas d'abus, d'alibis, c'est clair, l'enquête est tout de suite faite...
C'est que les bêtes sont innocentes... Si on découvre leur présence dans le fond de nous-même, si elles sont nos racines, d'une certaine façon nos "ancêtres", n'y aurait-il pas un peu d'abus, par contre, à décalquer sur elles nos vertus et nos vices, nos excès et nos manques, nos culpabilités et notre suffisance, comme si on était le fabuliste? Ici, elles ont notre langage, nos visages et nos corps, sans masques, elles ne sont pas pour nous un déguisement qu'on se donne, elles ne sont pas non plus observées du dehors, plus ou moins savamment ou poétiquement. Elles sont amalgamées à nous de façon à la fois plus simple et ambiguë. De l'écriture au jeu, il s'agit non de s'y projeter sans retenue, ni de les tirer à nous pour les utiliser, ni de garder des distances avec - quoi, alors ? Difficile à dire. Rien non plus d'extraordinaire. On tâche d'être au contraire familier et en connivence. Un espace petit ou grand - qu'importe ? - mais ouvert, dans lequel on n'apporte que quelques éléments, de la lumière, du noir (très importants, très francs, la lumière et le noir), six acteurs (sans déguisements).
Il n'y a pas que des animaux, d'ailleurs, dans "Animaux", il y a des humains ; comme ils sont de plain-pied entre eux et avec nous, on ne sait jamais tout de suite si ce sont les uns ou les autres, et assez vite, une fois passé le piment de la devinette, quand on sait qui est quoi, peut-être, alors, le plus étrange, est que cela paraisse naturel, qu'ils soient tous faits de la même pâte, dans la même matière, partagent le même langage, participent d'un même esprit, d'un même rêve en tout cas. Le théâtre nous permet ça : rendre un instant réelles, même modestement, la fantaisie et l'utopie, - ici, ce serait, disons, une certaine unité des êtres, une certaine harmonie légère...
Donc "Animaux", à sa façon, n'ignore pas certaines questions, mais pas pour aggraver nos soucis, au contraire, c'est une tentative très légère pour mettre l'homme en perspective, par la présence de l'animal à égalité d'existence, ouvrir ou déplacer tant soit peu la focale, parce que c'est lourd, pour nous, à supporter, à force, d'être au nombril du monde...
Si d'"Autres Animaux", déjà, nous ont rejoints, encore bien d'autres bêtes seraient prêtes à le faire ! Grâce à elles, d'ailleurs, qui attendent à la porte, on laisse le spectacle ouvert, comme si, quand c'est fini, ça pourrait continuer quand même, à l'infini, si l'enjeu n'était pas seulement que l'esprit redevienne léger, mais qu'il allège la matière et l'amène à se soulever, la soulage aussi, l'encourage à se perpétuer...
Alain Enjary
Arlette Bonnard
Une première ébauche d'"Animaux" a été présenté au public le 4 septembre 1998 dans le cadre des "Chantiers de Blaye" où le spectacle a été créé (Chapelle des Minimes) du 28 au 31 août 1999, avant d'être représenté en décembre suivant au Théâtre Paris-Villette.
Arlette Bonnard et Alain Enjary travaillent ensemble à partir de 1976 ; ils créent Ambre (Compagnie subventionnée depuis 1987, conventionnée en 1999, par la D.R.A.C. Ile-de France), et des spectacles que, pour la plupart, il a écrits ou adaptés et qu'elle a mis en scène et dans lesquels ils jouent :
Ulysse d'après Homère (Centre Dramatique de Nanterre).Tristan et Iseult d'après la tradition et les poèmes du XIIe siècle (C.D. de Nanterre). Pantagruel d'après Rabelais (avec M. Ulusoy. Théâtre de Liberté, Centre Dramatique de la Courneuve). Huit heures à la fontaine (Théâtres de Sartrouville et Villepreux, Espace Planoise de Besançon). Les Marches Ténébreuses (Théâtre de Sartrouville). La Sente étroite du Bout-du-Monde Haïkaï, de Bashô, Buson, Issa, Shiki, etc. (avec Y. Collet et D. Van Bercheycke. Atelier 8, Festival Européen de Blois). Lila (Ambre, Centre Dramatique National de Franche-Comté). Nord-Est (Ambre). Le Château dans les entrepôts (Ambre, C.D.N. de Franche-Comté). Oncle Vania de Tchékhov (C.D.N. de Franche-Comté). Le Misanthrope de Molière (C.D.N. de Franche-Comté). Or (Ambre, C.D.N. de Franche-Comté). Les Clefs (Ambre, C.D.N. de Franche-Comté). "7" (Sept) (Ambre, Centre Dramatique de La Courneuve). Le Vaste Monde d'après Andersen (Ambre, Heyoka C.D.N.E.J. de Sartrouville). La Source (avec Christian et Pierrette Maire et une classe d'enfants de Ste-Geneviève-des-Bois. Ambre, Education Nationale). Le Gardien d'Octobre (Ambre, Musée Roybet-Fould de Courbevoie). Maurice Denis, mémoire intime d'après M. Denis (Ambre, Musée du prieuré de Saint-Germain-en-Laye). Six personnages en quête d'auteur de Pirandello (Centre Dramatique de La Courneuve) Le Recueil des petites heures : Le Carillon, Les Fenêtres, Bruine, Entre trois et quatre, Sans titre (Ambre, Théâtre Paris-Villette). Animaux (Ambre, Chantiers de Blaye, Centre Dramatique Poitou-Charentes, Théâtre Paris-Villette). Animaux suivis d'Autres Animaux (Ambre, Centre Dramatique Poitou-Charentes, Théâtre Paris-Villette).
Le poisson avant qu’il ne soit pêché, l’huître avant qu’elle ne soit mazoutée, le chien brimé par sa laisse : les relations entre les hommes et la gent animale se tissent souvent aux dépens de cette dernière… A travers ce bestiaire, le fin dramaturge porte plus loin encore que le zoologiste son regard d’observateur compatissant. Il en résulte un spectacle à la juste distance – tendre et drôlissime – où bêtes et hommes se confondent pour mieux nous éclairer sur nos propres comportements. La prouesse, c’est que la mise en scène, sans le moindre soupçon de réalisme, parvient à nous faire croire à l’existence de ces voix étranges venues d’une autre espèce. Emmanuelle Bouchez. Télérama
Grand Théâtre - place du Ralliement 49000 Angers