Stavros est un performeur athénien. Il est venu à nous pour nous décrire sa vision de l’apocalypse. Selon lui, l’apocalypse n’a rien à voir avec une fin digne d’un film catastrophe ou d’un jugement dernier. Il voit dans notre monde une série infinie de « corsets » de « restrictions » de « murs » et « d’enfermements. » Il va tenter de les exorciser avec la politesse du désespoir.
Apocalypse selon Stavros est né d’une intuition. De partir avec Maxime Lévèque sur les traces de l’Apocalypse de Jean de Patmos et de l’essai critique posthume de DH Lawrence pour interroger ce que cette oeuvre révèle sur une partie du monde occidental appelé Europe. 12 jours d’immersions et d’improvisations en totale liberté. Voici comment on procède. On marche, on repère un endroit qui nous inspire, on s’arrête, on pose la caméra, et on avance dans les méandres du personnage de Stavros, performeur fictif Grec, qui revisite l’Apocalypse, ou plutôt la retraverse, sans le savoir, pour débarrasser l’homme de l’idée de la fin, de la sélection, de la punition et du jugement. Car il voit comme le décrit Deleuze dans son introduction du livre de Lawrence, que l’apocalypse n’est ni joué par Donald Trump dans le rôle de l’Antéchrist, ni inscrit dans le désastre écologique de la planète qui mène à la fin du règne humain, mais bien dans l’organisation du monde telle qu’elle existe déjà, avec ses frontières, ses iniquités, ses armées, ses chars Titus, ses dettes, ses plans d’austérités, ses médias. De son effroi, de son incapacité à la traduire dans son art, Stavros assistera à un renouveau de son être, et ses possibles relations avec l’autre.
Apocalypse selon Stavros est bien entendu tout sauf un essai religieux. La seule religion que l’on y trouve est dans l’idée que la poétique et sa plus sincère expression est une religion en soi. Il s’agit d’un essai sur l’homme et sa manière de voir, ses visions, ses interprétations, sa difficulté à se débarrasser des fictions imposées, ses peurs, ses angoisses, et ses manières de les vaincre ou d’y succomber. D’un essai sur l’artiste et ses contradictions. Ses tentatives et ses difficultés à se faire comprendre. Sur le monde tel qu’il a été verrouillé, dans ses structures, son urbanisme, ses institutions, ses lois.
Dans notre méthode de travail, nous avons pris soin d’absorber le plus possible le travail de pensée, de recherches, de lectures avant de se lancer dans la fabrique du poème. Car le poème doit évidement le contenir organiquement et ne pas l’expliquer. Il ne s’agit donc pas d’un pensum mais d’une fabrication fictive et poétique libre. Il conviendra au spectateur d’avoir le plaisir ou non d’y déceler ce qu’il exprime politiquement sur le monde. D’en déceler la force de vie et la qualité de ses contradictions. Nous avons cartographié différents espaces sur l’Ile de Patmos. Collines, clairières, monastères, baies, pour construire en improvisant les bases du récit, et surtout la structure affective et imaginaire de Stavros.
« L’apocalypse, ce n’est pas le camp de concentration, (Antéchrist), c’est la grande sécurité militaire, policière, et civile de l’état nouveau (Jérusalem Céleste). La modernité de l’apocalypse n’est pas dans les catastrophes annoncées, mais dans l’auto-glorification programmée, l’institution de gloire de la Nouvelle Jerusalem, l’instauration démente d’un pouvoir ultime, judiciaire, et moral. Terreur architecturale de la Nouvelle Jerusalem, avec sa muraille, sa grande rue de verre, « et la ville n’a besoin ni du soleil ni de laune pour l’éclairer » et il n’y rentera rien de souillé, mais ceux là seuls qui sont inscrits dans le livre de l’agneau. » Gilles Deleuze dans son introduction de « Apocalypse » de DH Laurence.
A Calais aujourd’hui ce ne sont pas des aides humanitaires qui sont envoyés, mais des policiers supplémentaires, pour s’assurer qu’une nouvelle Jungle ne s’y construise pas, pour empêcher des réfugiés de rejoindre Lille ou ils peuvent déposer des demandes d’asiles. C’est l’Apocalypse dont parle Deleuze.
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.