Une scène en mouvement
Quelques questions à Guy Carrara
La compagnie
Archaos revient. Radicalement différent. Il va falloir s’y faire. Margo, son nouveau spectacle, rassemble sur une scène inclinable, trois hommes et deux femmes qui tentent de se rencontrer, de s’entendre. Élégante affaire, mais périlleuse, dans les conditions dangereuses d’un décor basculant, au bord du déséquilibre, de la limite, de la marge… d’où le nom, Margo.
Depuis vingt ans, Archaos sillonne la planète en y laissant de tonitruantes et radicales déclarations artistiques. Avec cette troupe-là, le monde du cirque a innové ; brisant les barrières d’un art codifié pour organiser le désordre savant d’une forme de spectacle où toutes les formes se côtoient. Danse, musique, cinéma, poésie, combat, prouesses circassiennes : de l’art total au service d’une histoire ou d’une idée choc.
Dans Margo, pas de machine pétaradante, ni flammes, ni furie ; les affrontements sont ailleurs, d’un autre ordre ; pour des défis plus intimes mais pas moins graves. On cherche l’entente, la rencontre, on rêve l’autre et l’ailleurs idéal. Est-ce possible ? C’est à voir. Il est bien difficile de se construire soi-même, de sortir des limites que l’on s’impose et qu’on nous impose.
Pour donner corps à cette vision-là, Guy Carrara a mis en scène cinq comédiens-danseurs-athlètes qui accomplissent des exploits en voltige, en danse, en portés aériens, dans des jeux acrobatiques brutaux ou sensuels sur des tissus, dans de longs cheveux, des mâts ou même un pan vertical. Dans Margo, à peine une touche de vidéo, quelques bribes de dialogues, des agrès quasi invisibles suffisent ; le cœur de l’affaire, ce sont les cinq personnages sur leur scène en mouvement. Désormais, Archaos se dit : “ art de caractère ”.
Claire Moreau-Shirbon
Margo, drôle de nom, pour un spectacle d’Archaos !
Nous avons choisi un titre abstrait, ouvert. Phonétiquement Margo pourrait être un prénom, masculin ou féminin ; en fait il s’agit d’évoquer la marge, la limite, la frontière, le bord. Nos cinq personnages, trois hommes et deux femmes, évoluent dans un monde qui peut basculer, aller de l’horizontale à la verticale.
Vos spectacles s’emparent toujours d’un thème de société, comme le pouvoir des médias, dans Game over, ou la génétique et le clonage dans la création précédente In vitro. Cette fois-ci, que dénoncez vous ?
Avec Margo, il s’agit plus d’une réflexion sur l’époque : avant de penser un monde meilleur, pensons donc à nous construire nous-mêmes. Nos personnages sont des gens qui ne se connaissent pas mais tentent de se rencontrer ; de vivre ensemble. C’est difficile.
Chacun a ses problèmes. Aujourd’hui, on n’a plus le soutien des idéaux politiques ou des religions ; il faut se construire seul, trouver ses propres limites. Mais après tout, on finira bien par y arriver ! Je ne suis pas un optimiste béat, je dis simplement que même si l’on réussit peu de choses, ce n’est pas un drame, il faut tout tenter. Dans le spectacle l’amour idéal se révèle impossible, mais ça n’empêche pas de continuer d’avancer. Ne crions pas à l’apocalypse en cas d’échec, essayons encore, réinventons des moyens…
Dites-nous en un peu plus sur les cinq artistes de Margo…
Raquel Rache de Andrade fait partie de l’aventure Archaos depuis seize ans. Cette artiste brésilienne, acrobate, voltigeuse, est aussi comédienne et danseuse. C’est avec elle que nous avons pré-écrit Margo avant la création collective. Son personnage ? “ Violette ”, une petite brune, qui a souffert, qui peut être menaçante et agressive. Dans sa rencontre avec les hommes, elle sera victime ou bourreau. Sa partenaire, c’est Valérie Bordedebat, ex-championne de gymnastique, acrobate au sol et en aérien, dans la troupe depuis dix ans. Son personnage ? “ Rouge ”, une belle et grande blonde prête pour l’amour, en attente du prince charmant. Avec Valérie et Raquel, on évoque une sorte de caricature des rapports nord-sud. Du côté des garçons, Rémi Esterle et Damien Manivel nous ont rejoints pour Margo. Ces deux jeunes de 22 ans viennent de la danse hip-hop et ont été champions du monde de karaté artistique. Comédiens, danseurs, ils réalisent des numéros aériens, notamment sur des mâts. Leurs personnages ? Damien, “ Jaune ”, qui a souffert de l’absence de père, tente de se construire. Rémi, “ Blanc ”, fier, a été battu et s’est inventé un modèle idéal. Enfin, Benoît Taguet qui vient du Cirque Baroque, réalise des numéros de sangles, de mâts et des duos aériens avec Valérie ; son personnage “ Noir ”, est amnésique, idéaliste, un peu délinquant. Voilà quelques clefs. Quant à leurs costumes, ils sont proches de ceux de personnages du quotidien.
L’ambiance est sombre, jamais en plein feu ; elle permet des illusions d’optique quand la scène devient agrès ; elle peut évoluer du noir jusqu’à l’effacement de la couleur : dans la scène finale, quatre de nos personnages effacent leurs couleurs et enfin, leurs blancs réussissent à se côtoyer…
Les spectacles d’Archaos ont souvent été marqués par le gigantisme. Margo a des dimensions plus… raisonnables. Est-ce un choix économique ?
Non, pas du tout économique ! Depuis 1993, quand nous avons cessé d’inventer nos chapiteaux pour travailler en salle, je rêve de monter, dans le même temps et sur le même thème, un spectacle pour vastes espaces et un autre pour petites salles. Je ne l’ai pas encore fait. Mais j’ai appris à travailler de manière moins gigantesque : je suis passé de grosses machines à seulement douze artistes pour In vitro. J’avais envie de pouvoir approfondir le travail avec les artistes, d’avoir du temps ; ici, mon plaisir consiste à voir progresser la qualité dramatique de l’artiste de cirque. Vous savez, pour Game over, on n’avait pu s’offrir la location du Dôme de Marseille que huit jours, pour répéter avec les 50 personnes ; ici, pour Margo, j’ai pu travailler six mois avec dix personnes.
Archaos a été précurseur…
Oui, Archaos a marqué l’époque. Il a un peu révolutionné le monde du cirque en y traitant de sujets politiques et de société. Plus de mille artistes sont passés chez nous ; beaucoup sont venus s’aérer la tête, s’ouvrir l’esprit ; chez Archaos, ils ont appris qu’ils pouvaient oser. Beaucoup ont démarré chez nous, les Arts Sauts avec le camion trapèze, Johan le Guillerm aussi et bien d’autres. Au début, on a dé-codifié, déstructuré, c’était d’autant plus facile que je n’aimais pas l’image du cirque ; pire, ses conventions m’horripilaient. Aujourd’hui, je l’aime sans doute puisqu’il fait partie de ma vie. Mais en tant qu’artiste, j’essaie d’être toujours dans le même état d’innocence et de désir avant chaque création.
Longtemps, le sous-titre d’Archaos a été Cirque de caractère. Et aujourd’hui ?
Comme on a fait beaucoup pour désenclaver le cirque de son image, c’était dur de s’appeler cirque au début. Mais c’était un défi intéressant, on a eu raison. Aujourd’hui chez Archaos nous disons Art de caractère, nous n’invitons pas les gens au cirque ; ils décident eux-mêmes de ce qu’ils voient. S’ils voient du cirque, de la danse ou du théâtre, très bien, mais ce qu’on fait, c’est du cirque. En tout cas toujours une tentative d’art total. Je veux aller toujours plus loin dans le mélange du jeu d’acteur et de la prouesse. Le cirque contemporain est au carrefour de tous les arts dans la mise en forme et dans l’écriture.
Olivier Teneur a composé la musique de Margo. Comment avez-vous travaillé ensemble ?
On a décidé que lui bossait de son côté avec le scénario et nous, de notre côté sans la musique. Ensuite, pendant un mois, Olivier a travaillé avec les artistes pour que ces deux mondes n’en fassent qu’un. Il en résulte une musique qui ne peut qu’accompagner Margo. Elle colle à la dramaturgie comme une excellente musique de film.
Margo a été créé au théâtre du Merlan, à Marseille ; en douze ans, quatre de vos créations ont été répétées dans les quartiers Nord : c’est une histoire d’amour ?
Entre 1987 et 1989, notre base était à Alès. Mais en général, nous étions sur les routes, aux quatre coins du monde. Quand on a répété Metal Clown, il nous a fallu trouver un endroit cosmopolite où le climat soit relativement clément : nous étions cent personnes de treize nationalités différentes, des brésiliens, des eskimos, des marocains etc. On a loué un terrain à Marseille pour monter notre chapiteau tunnel ; le hasard veut que ce soit là exactement, où aujourd’hui, se trouve le Zénith Dôme de Marseille. En 1993, un contact magnifique avec Alain Liévaux, directeur du Théâtre du Merlan, scène nationale, et âme des quartiers Nord, a fait le reste. Aujourd’hui, la compagnie dirige le Centre de Recherche Européen des Arts du Cirque (CREAC), qu’elle a créé en 2001 dans les quartiers Nord. Avec le CREAC, nous menons de multiples actions : formation professionnelle continue pour artistes de haut niveau, résidences de compagnies en création, laboratoire de recherche des arts vivants pour amateurs, portes ouvertes pour les centres sociaux, les associations de quartiers, les classes ; et bien sûr, de nombreuses opérations avec les lycées : résidences aux LEP, initiation aux agrès, participation à la création.
Margo est lancé ; il va vivre sa vie. Voyez-vous déjà une direction pour vos prochains spectacles ?
Je veux pousser encore plus loin dans le mélange entre le jeu des acteurs et les prouesses. Encore améliorer, travailler l’écriture dramatique ; je suis un militant de l’écriture préalable pour les Arts du cirque. D’ailleurs, elle s’affine en même temps que la formation des artistes. C’est crucial pour nous qui sommes au carrefour de tous les arts.
Propos recueillis par CMS
La compagnie Archaos, implantée à Marseille, a révolutionné les Arts du Cirque avec des créations qui ont tourné dans le monde entier depuis 1986 :
Le Chapiteau de Cordes (1987-88)
The Last Show On Earth (1989)
Bouinax (1990)
BX 91 (1991)
Métal Cown (1991-92)
DJ 93 (1993-94)
Game Over 1 (1995-96)
Game Over 2 (1997-98)
In Vitro (1999-2000-2001)
Margo (2002-2003)
et bien moi j'ai adoré. c'est vrai que ce n'est pas un spectacle de cirque commun, et il faut un peu de temps pour rentrer dans ce monde. J'ai trouvé les émotions poignantes et notre société très bien décrite. On se retrouve un peu dans chaque personnage. J'ai trouvé ça vraiment excellent et tous les gens avec moi aussi...
j'ai été moi aussi trés déçue ca spectacle ne degage aucune émotion c'est ennuyeux sans intéret effectivement heueusement qu'il y avait la musique
J'ai été déçu... Je venais voir un spectacle de cirque, j'ai eu droit à un spectacle de danse comptemporaine fait par des "comédiens-danseurs-athlètes". Le mélange des genres ne sert pas un fil conducteur mais présente des tableaux redondants sans réel trame. Un point positif est la musique : le mixage de sons donne un peu de rythme au spectacle (heureusement!!!) Je suis un passionné de cirque et je n'aime pas critiquer. Voila simplement mon avis : si vous voulez voir des circassiens moderne, il vaut mieux garder vos sous pour un autre spectacle (circle du cnac ou les arts sauts en fin d'année...)
et bien moi j'ai adoré. c'est vrai que ce n'est pas un spectacle de cirque commun, et il faut un peu de temps pour rentrer dans ce monde. J'ai trouvé les émotions poignantes et notre société très bien décrite. On se retrouve un peu dans chaque personnage. J'ai trouvé ça vraiment excellent et tous les gens avec moi aussi...
j'ai été moi aussi trés déçue ca spectacle ne degage aucune émotion c'est ennuyeux sans intéret effectivement heueusement qu'il y avait la musique
J'ai été déçu... Je venais voir un spectacle de cirque, j'ai eu droit à un spectacle de danse comptemporaine fait par des "comédiens-danseurs-athlètes". Le mélange des genres ne sert pas un fil conducteur mais présente des tableaux redondants sans réel trame. Un point positif est la musique : le mixage de sons donne un peu de rythme au spectacle (heureusement!!!) Je suis un passionné de cirque et je n'aime pas critiquer. Voila simplement mon avis : si vous voulez voir des circassiens moderne, il vaut mieux garder vos sous pour un autre spectacle (circle du cnac ou les arts sauts en fin d'année...)
80, boulevard Rochechouart 75018 Paris