« heroïne » commence par une apparition : une silhouette de dos, indistincte, ancrée dans le sol, dont les contours nous parviennent à travers la pénombre. L’image vient se fixer sur la rétine, fantomatique, irréelle. Dès les premiers instants, le regard est hanté par cette apparition, incapable de déterminer s’il s’agit d’une statue immobile ou si les mouvements sont la cause d’une hallucination.
Le corps comme mirage. La lumière, comme respiration qui l’expire, le montre dans toute sa crudité, pour aussitôt le reprendre, l’engloutir dans la nuit. Cette fragilité de la perception est tendue jusqu’à ses plus extrêmes limites tout au long de la pièce : le mouvement dans l’immobilité, le visible dans l’obscurité, la variation dans l’obsédante répétition, l’éclat d’un instant dans le temps dilaté.
Le temps vertical asiatique tourne sur lui-même sans développement, se plie et se déplie par une série de spirales qui rejoignent l’axe vertical du corps, les allers et venues du son et de la lumière... Des boucles, des suites de mouvements fluides et d’accélérations brutales se succèdent, comme des flashs déchirant le continuum de la spirale. La répétition d’un même geste - jusqu’à la transe - oblige la perception à entrevoir le moindre écart, à percer l’enveloppe sur laquelle s’inscrivent d’éphémères signes calligraphiques. Tour à tour chêne et roseau, sensuel et guerrier, le corps de Su Wen-Chi devient un tourbillon immobile qui fait le vide autour d’elle.
Cie Kobalt Works (Belgique). Musique originale : Marc Appart.
Gilles Amalvi
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)