Dans la « matrice » expérimentale de la nouvelle pièce de Arco Renz, on assiste à la formation et à la croissance de deux corps. Comme dans un laboratoire, une enveloppe de sons et de lumière abrite deux organismes indifférenciés qui se développent et se transforment continûment. Leur évolution se déroule à l'intérieur d'un temps mythologique, sans rapport d'aliénation entre l’homme et son milieu - comme un point d'origine à partir duquel l'état d'apparition au monde est expérimenté.
Comment se fait la rupture ? La différenciation ? A partir de quel point commence l'individu ? Progressivement, des frictions, des altérations vont affecter les transformations parallèles de ces entités jumelles. Elles vont se différencier l'une de l'autre, s'extraire de leur environnement, entrer en lutte avec la matrice protectrice. De refuge hors du temps, celle-ci devient un Réel menaçant, capable de les submerger, de les détruire – un réel qui porte les traces du monde historique et contemporain. Comme deux lignes en décalage, constamment en avance ou en retard l'une sur l'autre, les danseuses vont être propulsées dans un temps fracturé, non linéaire - le temps individuel de la solitude. « i », cela pourrait être « individu » : un individu mis au carré, poussé à son point d'intensité maximum.
i!2 : Deux « hyper-singularités » s'affirment ; c'est l’histoire de leur fusion, de leur séparation, de leur cheminement, ensemble - à l’intérieur et contre un environnement de lumières fluorescentes et de son digital. La performance, en posant la confrontation avec un autre radicalement différent, amène à questionner les paradoxes d'un monde où l'individu est la valeur suprême. La matrice devient une métaphore des conséquences qu'entraîne dans le corps l'affirmation d'une différence. A travers cette pièce, Arco Renz incarne et déconstruit des questions qui touchent à la singularité, à la liberté, en relation avec l’autre personne, l’autre corps : l'ami, le partenaire, l’amoureux, l’étranger - tout ce qui peut décrire « l’autre »...
Gilles Amalvi
Musique originale : Marc Appart.
Autres musiques : Matrix [for room] et Matrix 2 de Ryoji Ikeda.
Par la Cie Kobalt Works.
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)