Après l’installation-performance Sans objet ou le spectacle Les Sept Planches de la ruse, l’inventeur de formes « indisciplinaires » met à nouveau l’espèce humaine en boîte – à illusions. Espæce donne à voir un concentré d’humanité en prise aux mailles d’une scénographie atypique : les habitants lettrés d’une œuvre polysémique… Espæce est un mot-valise poétique qui contracte l’espace et l’espèce aussi chers à l’écrivain oulipien qu’au concepteur de théâtre visuel et physique. Loin de toute tentative d’adaptation littéraire, cinq interprètes apprivoisent, sur scène, la dynamique des contraintes.
En proie au jeu hasardeux d’un grand mur noir sur roulettes, Guilhem Benoît, Mathieu Desseigne Ravel, Katell Le Brenn, Claire Lefilliâtre et Olivier Martin-Salvan, déploient quelques trésors de grammaires gestuelles : dialogue avec la structure piégeante ; rhétorique de l’enfermement ou dynamique de l’échappée ? D’aplatissement en contorsions, les comédiens, danseurs et/ou acrobates débordent d’imagination face au mur mouvant, qui tord et scinde sans cesse leur antre. « Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner », disait Perec. Créer, pour Aurélien Bory, c’est inciter des corps à trouver leur place dans l’espace vide du plateau : aider des êtres à s’insérer, s’incorporer dans le monde, afin d’y imprimer leurs propres histoires.
Distribution en alternance.
« Un spectacle sans paroles, musical, où la poésie des corps des circassiens et des comédiens se confronte au mur du fond de scène. C’est magique. » Stéphane Capron, Scène Web
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