Dans ce théâtre, toujours très modestement décoré de quelques cartons et de planches en bois, la parole est systématiquement mise en danger.
Tartuffe et puis Bérénice, Molière puis Racine, Gwenaël Morin poursuit son exploration des classiques. Ces deux pièces complètent Les Justes d’après Camus présentée en 2009 et Woyzeck d’après Büchner à l’honneur en 2010. Des classiques certes, mais à découvrir dans une toute nouvelle lecture, une nouvelle énergie.
Il faut dire que Gwenaël Morin n’a pas son pareil pour innerver les textes, pour leur donner sensibilité, vitalité. Avec son excellent groupe de comédiens, ils pratiquent un théâtre qui invente l’action au pied du mot, et que le metteur en scène explique ainsi : « Faire du théâtre est quelque chose d’unique en soi, où l’on voit des gens transformés par ce qu’ils disent et où le fait de les voir le dire nous apporte quelque chose sur le coeur des hommes, que l’on ne peut voir autrement ».
Par le biais d’une esthétique du provisoire, cartons et planches en bois, la scène renforce la nécessité et l’urgence de la parole à entendre. Comme un chasseur, le metteur en scène lyonnais traque sa proie dans un texte qu’il met à l’épreuve des intelligences intuitives de son équipe. Ainsi pour Bérénice, c’est un scrupuleux travail de placement des comédiens dans l’espace qui a guidé les répétitions pour trouver l’espace approprié de la parole de chacun des personnages.
La mise en danger physique de la parole ainsi qu’une certaine précarité des situations de jeux sont les conditions nécessaires de ce théâtre éthique qui s’adresse avec beaucoup de sensibilité à nos consciences, que l’on dit engourdies.
Aude Lavigne
Quel dommage. Les décors sont arbitraires ; la mise en scène, proche des spectacles scolaires, ennuie. On pourrait croire, à les entendre réciter sans coeur ni conviction, que les acteurs essaieraient parfois de jouer contre le texte. Mais même pas sûr. Si le pari était de caricaturer Bérénice, G. Morin, hélas, n'y parvient pas.
Quel dommage. Les décors sont arbitraires ; la mise en scène, proche des spectacles scolaires, ennuie. On pourrait croire, à les entendre réciter sans coeur ni conviction, que les acteurs essaieraient parfois de jouer contre le texte. Mais même pas sûr. Si le pari était de caricaturer Bérénice, G. Morin, hélas, n'y parvient pas.
76, rue de la Roquette 75011 Paris