Berlin, de l'autre côté du mur

• Au cœur de Berlin

Des dizaines de lettres… avec à l'intérieur des instants de vie, mais pas n'importe quelle vie… celle de son père, et d'un oncle dont elle ignorait l'existence. Vingt ans… c'est à peine l'âge des deux frères, Simon et Gunther Stein, quand ils se retrouvent séparés par un mur, un beau matin d'août 1961 au cœur de Berlin. Ces mots griffonnés, derniers témoins de leur histoire, vont permettre à Marie de découvrir, enfin, qui elle est…

• Note d'intention de l'auteur

J’ai voulu écrire cette histoire parce que le mur de Berlin m’a d’abord marquée par sa chute.

Tout commence le 9 novembre 1989 : je suis une enfant, assise devant la télévision, qui voit quasiment en direct la chute d’un mur au journal du soir. Une vague d’espoir fracasse l’écran : les gens pleurent, hurlent, se sautent dans les bras…

Un mur est tombé ! Mais pas n’importe lequel, celui qui divise Berlin depuis 28 ans, le mur de la honte pour certains, le mur de protection antifasciste pour d’autres ; un rideau de fer de 155 km de long et 3m60 de haut. « IL » est tombé, foudroyé par une liberté en marche…

Toujours devant la télévision, la petite fille que je suis s’interroge : pourquoi ce mur ? Pourquoi construit-on des murs ? Qui décide un jour qu’on ne peut plus passer de l’autre côté ? Une question terriblement d’actualité qui reste toujours sans réponse car il n’y a pas de réponse unique, mais une multitude de réponses : politiques, stratégiques, religieuses, ethniques…

De ce jour, le mur de Berlin ne m’a plus quitté, car il était pour moi un symbole fort de l’injustice et de l’enfermement.

Quand j’ai découvert l’album « Les aventures de Simon et Gunther… » composé en 1977 par Daniel Balavoine, j’ai ressenti un lien très fort avec les personnages que l’on y croise. Ce disque retrace la vie bouleversée de deux frères séparés par la construction du mur et qui décident de s’écrire. J’ai tant aimé les frères Stein, leur détresse, leurs espoirs, leur vie gâchée, que j’ai voulu leur donner une existence au-delà des chansons, au-delà de l’album. J’ai voulu leur donner une chance de parler, de raconter la vie de ceux qui n’ont pas eu le choix, de mettre un visage sur ceux qui n’ont rien pu faire d’autre que vivre prisonniers dans leur propre ville, dans leur propre quartier, dans leur propre maison.

Ce n’est pas un spectacle musical, il n’y a pas de reprises des chansons de Daniel Balavoine. Seuls les noms des personnages et le lieu de l’action ont été conservés.

J’ai monté la pièce en 2005. Et puis, je l’ai écrite et réécrite, comme une quête sans fin pour retranscrire au plus juste cette histoire, avant qu’elle ne soit publiée en 2010 aux Editions Ex Aequo. Aujourd’hui, il est temps que la famille Stein revive sur scène. J’ai demandé à Lucie Navarre qui jouait le rôle de Lili dans la première version de signer la mise en scène. Pour moi, Lucie était celle qui saurait porter cette histoire avec toute l’émotion qu’elle m’inspire. Elle a accepté.

Sandrine Gauvin