C’est l’histoire d’une famille. D’un cocon. D’un carcan. D’un bloc. C’est l’histoire d’un bloc.
A l’intérieur ils sont 4. Ils parlent, ils pleurent, ils gueulent, ils chuchotent, ils questionnent, « on se connaît ? ».
Ils essayent de s’aimer. C’est l’histoire d’une famille de sa formation à son amputation : 4 - 1 = 3.
Comment poursuivre ?
Fils : maman ?
Mère : oui ?
Fils : tu m’aimes ?
Mère : oui.
Père : enfin, c’est pas pareil
Mère : oui.
Fils : quoi ?
Mère : c’est pas pareil comment je t’aime
Fils : quoi ?
Père : elle t’aime bien sûr
mais elle m’aime moi aussi
Mère : c’est différent.
Fils : je comprends pas.
Mère : plus tard
Fils : quoi ?
Père : quand t’auras une femme
Bloc est parti d’un repas de famille. Dans Un caillou dans la semoule (forme courte produite en juin 2009 au Théâtre du Rond-Point), nous voulions montrer la vie privée, apprendre comment elle pouvait se donner à voir au théâtre. Comment être à la fois au plus intime de soi-même et avec le public ? Puis nous avons eu envie de montrer non plus seulement un repas, mais la vie d’une famille, le fonctionnement de ce groupe dont les membres se constituent les uns les autres à travers une vie commune. Qu’est-ce que ça me fait d’être la soeur d’un frère ? Le père d’une fille ? Comment ça marche quand un des membres s’en va ?
Dans Bloc, chaque protagoniste est amené à poser la question de son identité, de son rôle de père, mère, fils, fille, soeur, frère, ces fonctions qui leurs sont adjointes d’office et avec lesquelles ils doivent composer.
Dans l’écriture, dans la mise en scène comme dans le jeu, le questionnement est pour nous un moyen de rester toujours vigilant quant aux multiples sens de chaque situation. Nous n’avons pas déjà tout compris et chaque répétition est une nouvelle occasion d’avancer dans ce qui est en nous mais que nous ne connaissons pas encore.
Ainsi le spectacle se construit en face du public, avec lui ; il ne dépend que de la croyance des acteurs en ce qu’ils font et de leur acceptation de la situation qui est la leur : quatre personnes avec quatre chaises racontent l’histoire d’une famille, jouent cette histoire à un public venu les écouter. La représentation comme une oeuvre commune, toujours en mouvement et que l’on construit à plusieurs.
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