Danseur autodidacte comme il se revendique, Brahim Bouchelaghem a d’abord participé à des concours hip hop où il croise Afrika Bambaataa ou Storm avant de participer à l’aventure de plusieurs compagnies comme Accrorap ou Käfig. Installé à Roubaix, il y a rencontré Carolyn Carlson dont les poèmes, calligraphies et la voix sont la trame de ce nouveau solo, What Did You Say? Il y prend quelques distances avec les codes du hip hop, danseur affranchi en pleine lumière sous le regard de Kader Attou et Véronique Teindas.
Au même programme, Pierre Rigal, sportif de haut niveau devenu chorégraphe-interprète prometteur, a signé en quelques pièces le manifeste d’une danse visuelle et physique renversante. Erection ou Press ont déjà fait le tour du monde. Asphalte est une sorte de voyage aux frontières du hip hop et du contemporain, un road-movie urbain. Jouant avec des pavés de lumière, esquivant un mur ou s’incrustant dans la lumière stroboscopique, la jeune troupe réunie par Pierre Rigal gagne la partie.
Philippe Noisette
What Did You Say ?
Chorégraphie, interprétation Brahim Bouchelaghem
Poèmes, calligraphies et voix Carolyn Carlson
Musique originale Manuel Wandji
Vidéo Philippe Bonnot
Asphalte
Conception, chorégraphie, lumières Pierre Rigal
Musique Julien Lepreux
Avec Mathieu Hernandez, Hervé Kanda, Yoann Nirennold, Camille Regneault, Julien Saint-Maximin
Carolyn Carlson et Brahim Bouchelaghem, c’est avant tout une belle rencontre, la rencontre de deux poètes qui se reconnaissent dans leur art.
Devenu aujourd’hui chorégraphe à part entière depuis son premier solo, Zahrbat, en hommage à son père, et la création de sa compagnie, il continue à se nourrir de regards autres.
Pour son nouveau solo : quatre poèmes de Carolyn Carlson sur ce que lui évoque Brahim Bouchelaghem et le désir du danseur/chorégraphe de revenir sur son propre parcours, sur ce qui l’a amené à laisser éclore son style si personnel. Un artiste en plein épanouissement et en quête d’une expression toujours extrêmement sensible.
"Love
1)
I am overwhelmed by the immensity of love
Whose flame burns eternally upward
In the reaching
2)
A closed curve
That someone can run around it forever
Always going into the future
Always coming back to the beginning
Commitments of love
In the center traces of dust
Either grows mountains or is swept away
Depends on which way your wind is blowing
Amour
1)
Je suis submergé par l'immensité de l'amour
Dont la flamme brûle éternellement vers le haut
Vers l’épilogue
2)
Une courbe fermée
Quelqu'un peut tourner autour d'elle pour toujours
Toujours aller vers l'avenir
Revenant toujours au commencement
Engagements de l’amour
Au milieu des traces de poussière
Soit les montagnes grandissent ou sont balayées
Dépendant de la manière dont votre vent souffle"
Carolyn Carlson
La lumière apparaît au milieu de l’espace, au milieu de la rue, elle révèle peu à peu un bloc dont elle est la prisonnière. Ce bloc, c’est une palissade, un mur, un building, un écran, un théâtre. Les personnages s’arrachent à l’obscurité. Dans le sens qui est celui de l’écriture, ils circulent autour de cette lumière. Ils nous écrivent une histoire, celle des images et des mythes populaires que construisent les spectateurs quotidiens que nous sommes.
Certains des stéréotypes cinématographiques, médiatiques, historiques et sociaux sont fabriqués à la chaîne par ces personnages dont les seules armes sont celles de l’humour, de l’ironie et du cynisme ou celles de la poésie et de la grâce. Ces êtres zigzagants, mi-homme mimachine, qui apparaissent et disparaissent sans fin et sans relâche, tournent et détournent en dérision nos images flashes et réflexes. Amour, gloire, meurtre, guerre, révolution et beauté, dans cette fuite ou cette quête, les corps de ce road-movie chorégraphique traversent tous les Etats.
Encore chauds et transpirants, ils finiront moulés sur l’asphalte de cette route à la fois gelée et pop-artique.
1, Place du Trocadéro 75016 Paris