Britannicus, plans rapprochés raconte l’accession au pouvoir de Néron. Le jeune empereur, jusqu’ici d’une vertu exemplaire, s’éprend de Junie, la promise de son rival Britannicus, et la fait enlever au plein coeur de la nuit.
Par cet acte, Néron cherche à s’affranchir de l’emprise de sa mère, Agrippine, qui protégeait la jeune fille, et révèle pour la première fois son versant obscur. Tiraillé entre ses devoirs d’empereur, incarnés par son conseiller Burrhus, et ses désirs d’émancipation, incarnés par Narcisse son confident secret, Néron va devoir choisir en une journée l’empereur qu’il sera.
Au départ de ce projet, il y a une scène de voyeurisme troublante qui m’a fasciné. Néron, caché derrière un rideau observe sa victime Junie : il a ordonné à la jeune fille dechasser sans ménagement son amant Britannicus, en lui faisant croire qu’elle ne l’aime plus. Si Junie n’est pas assez convaincante, Britannicus sera exécuté. La jeune femme obtempère avec courage, tandis que Néron, témoin caché du désarroi de Britannicus, jubile.
En voyant cette scène, on sent que ce que Néron désire, c’est moins de conquérir Junie, que de jouir de ce spectacle. Il préfère l’onanisme qu’autorise une telle image au fade plaisir d’aimer. Néron regarde Junie regarder Britannicus, sous le regard du spectateur. Dans cette disposition, il y a une mise en scène du plaisir de voir qui n’est pas sans rappeler Les Ménines de Velasquez.
Néron, le collectionneur affamé d’images indiscrètes,ne supporte pas que quelqu’un se refuse à son regard. Ceux qui résistent à l’injonction d’apparaître sont les plus désirables et les plus craints. Le parallèle avec notre société de l’image est troublant. Aujourd’hui, les réseaux sociaux font circuler à l’infini des images de chacun et il est de mauvais goût de refuser d’être photographié. On en oublierait presque que l’objectif d’un appareil ou d’une caméra peuvent être des armes d’une violence inouïe.
Laurent Bazin
J'ai eu l'occasion de voir ce spectacle lors de la première saison, et je suis très heureux de pouvoir lui rendre un hommage mérité. Beauté d'un texte allégé, mais respecté. Beauté d'une scénographie dépouillée et innovante. Engagement des jeunes comédiens dans des personnages et des situations qui nous parlent. Une belle réussite qui mérite d'être encouragée par la deuxième programmatio qu'en fait La Loge.
J'ai eu l'occasion de voir ce spectacle lors de la première saison, et je suis très heureux de pouvoir lui rendre un hommage mérité. Beauté d'un texte allégé, mais respecté. Beauté d'une scénographie dépouillée et innovante. Engagement des jeunes comédiens dans des personnages et des situations qui nous parlent. Une belle réussite qui mérite d'être encouragée par la deuxième programmatio qu'en fait La Loge.
77, rue de Charonne 75011 Paris