Cabaret : je suis en colère, mais ça me fait rire

En ces temps peu chaleureux, le théâtre sera peut-être cette possible tendresse : se prendre ensemble dans les bras pendant le temps de la représentation, et essayer de se consoler un moment, inconsolables que nous sommes.

Il s’agirait d’un cabaret poétique et politique, gai et joyeux sur l’état de notre terrible monde. Le « milieu culturel » a toujours méprisé les formes populaires qu’il décréta « mineures ». Pour nous en gros, ce cabaret, la chanson, le rire, le forain, le cirque, les fanfares, le burlesque, les blagues sont des formes « majeures », fondamentales de notre métier. Elles sont la preuve que notre communauté peut se rassembler et toujours dans une fraternité inouïe.

Il s’agirait donc à travers ce cabaret de porter notre colère grâce à un rire franc et généreux, nous menant à une sorte de forte compassion et solidarité, nous les acteurs et vous les spectateurs face à un monde où la loi glacée du plus fort est l’unique projet. Nous aimerions inventer une nouvelle sorte de cabaret savant et populaire et non élitiste ou populiste. Aucune crainte, les trois poètes que nous avons convoqués pour ce projet sont des artistes qui ont bourlingué depuis longtemps dans toutes ces petites formes qui restent la dignité et l’humanité de notre métier.

Jean-Louis Hourdin