Les gestes sont conduits par la voix, sans illustration, ni distraction
La pièce est créée à partir du texte L'assaut du sabre ondulant, extrait du recueil La vie dans les plis'd'Henri Michaux.
Le texte est un point de départ, mais non un socle. Il est une matière pour la voix chantée, un appel à une dérive, une expérience perceptive, un trajet, une résistance.
L'activité est minimale, aussi bien défaillante que vaillante, effrontée que craintive.
La question principale se compose autour de l'imprégnation des mots sur un corps inconnu. Une imbrication entre l'auteur, ce qu'il a écrit, ce qui est lu et ce qui est interprété.
C'est une tentative d'entrer en relation, de se mettre à la disposition d'une écriture.
Quelles sont les résonances, les impacts des mots sur les gestes ? D'une posture lyrique et avec l’expression figée d'un masque blanc, la figure est protéiforme, modifiée selon les états générés par le récit. Les gestes sont conduits par la voix, sans illustration, ni distraction.
L'assaut du sabre ondulant de Henri Michaux
Là, je subis l'assaut du sabre ondulant. Difficile de parer les coups. Et avec quelle souplesse, il entre dans les chairs.
Il y a aussi la lance qui est portée contre moi, longue, très longue. Elle va s'effilant, sinon, vu sa longueur qui est de plus de huit mètres, il me semble, elle ne pourrait être maniée même par six hommes réunis. Déjà à un mètre de moi, elle est aussi effilée qu'une aiguille pour injection hypodermique et elle va toujours s'effilant, si bien qu'à cinquante centimètres elle est déjà presque invisible. Aussi quand elle entre dans le corps, ténue comme elle est, mais d'autant plus pénétrante, à peine si elle dérange les couches de cellules sagement assemblées des différents tissus. Il faut alors ne pas bouger, absolument ne pas bouger (mais comment faire ?) et ne presque plus respirer. Alors elle se dégagera peut être comme elle est entrée, doucement.
Mais malheur à qui aura un sursaut. Un éblouissement de mal vous atteint au plus profond. Un neurone sans doute, un neurone crache sa souffrance électrique, dont on se souviendra.
Oh ! moments ! Que de moments d'alerte dans cette vie ...
Mais parfois, quand elle est doucement entrée en vous immobile, cependant que dans votre dos des gens remuent inconsidérément, on a parfois l'étrange impression que peut être en ce moment de répit pour vous, elle est en train de tuer quelqu'un à travers votre corps, je veux dire « au-delà », et l'on attend le cri fatal, mais sans le désirer naturellement. On est dans un embarras déjà suffisant.
Après avoir sorti un premier album sélectionné parmi les disques de l’année 2010 par le quotidien Libération, Gérald Kurdian, musicien pop vainqueur du prix Paris Jeunes Talents, est repéré par le FAIR pour ses concerts obliques sous le nom de This is the hello monster ! Il travaille à l’utopie d’une pop surréaliste, à la fois inclassable et étonnante, parfois drôle, et souvent recherchée.
Relevant le défi d’un concert hors-norme, surfant entre les vagues lo-fi d’un passage au 2x1000 et les arrangements d’une pop minimaliste et orchestrée, il poursuit aujourd’hui ses recherches et prépare un nouvel opus, La Solidité des Choses (The Strength of Things) où, mêlant électroniques subtiles, mini-hip-hop et pop de chambre, se dresse le portrait d’une époque étrange partagée entre le réel de nos corps et le virtuel de nos images.
1 rue Charles Garnier 93400 Saint-Ouen