Quand l'univers d'Anne Sylvestre se conjugue à celui d'Agnès Bihl, c'est une invitation à la poésie, à l'humour et à l’engagement.
En décidant de mélanger leurs répertoires ces deux figures de la chanson s'offrent une parenthèse réjouissante le temps d'une création en forme de récréation. Ce défi artistique apporte un éclairage nouveau sur l'oeuvre de chacune et l'on savoure alors entre ces deux artistes une belle parenté qui dépasse de loin la simple filiation pour nous emmener vers une certaine forme d'universalité de l'écriture et de la chanson. Leurs mots se font écho sans jamais se confondre et leurs forces se mêlent pour en sortir grandies.
Le texte est évidemment à l'honneur chez elles mais c'est également l'audace musicale de cette mise en musique pour deux pianos qui donne ses lettres de noblesse à ce projet unique. Car noblesse il y a bien quand Nathalie Miravette et Dorothée Daniel, toutes deux bardées de médailles d'or de conservatoire et nourries de l'enseignement de prestigieuses classes d'accompagnement, se penchent sur la richesse mélodique de ces beaux répertoires. Leur travail nous rappelle ces ponts que savaient construire ceux qui pensaient que la chanson et la musique classique ne vivaient pas dans deux mondes séparés mais devait se réjouir l'une de l'autre et l'on pense alors à Fauré à Poulenc ou à François Rauber qu'elles citent volontiers en références et avec beaucoup de déférence.
Il y a donc de l'exigence dans ce disque mais aussi tellement de vie et de joie chez ces quatre dames qui se fréquentent depuis plusieurs années et qui ne boudent pas le plaisir de se retrouver ensemble qu'on reste soufflé par leur énergie communicative. Esprits espiègles et femmes passionnées, elles dessinent pour nous un carré à géométrie variable, où la beauté se mêle à l'humour et où la révolte puise sa force dans la tendresse.
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