« C’est la Der des Ders ! » disaient nos ancêtres au sortir de la Grande Guerre. Aujourd'hui, nos grands-parents se souviennent qu’il y a 70 ans, un dictateur marchait sur la France, et qu'on chantait Maréchal, nous voilà ! à la radio. « Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde ». Qu'en est-il de ces mots de Brecht aujourd'hui ? Est-il possible de faire parler le passé autrement que par les livres d'histoire ?
Des lettres, des chansons, un brin de jazz et une note d’espoir… Ce spectacle musical revisite le passé et les trois grands conflits qui ont marqué l’histoire contemporaine. De 1870 à 1945, en passant par la « der des der », quatre jeunes artistes explorent la mémoire de leurs anciens et swinguent au rythme d’un répertoire rare et savoureux, où des textes poignants côtoient des mélodies plus légères.
Au travers des chansons et des témoignages écrit, se rattachant essentiellement aux conflits de 1914/1918 et 1939/1345, le choix est fait de mettre la mémoire au service du présent. Il ne s’agit donc pas, ici, de parler de la guerre au passé, mais bien d’établir un lien entre ce qu’ont vécu nos anciens et ce que l’on peut vivre encore aujourd’hui dans le monde.
Quelles leçons tirons-nous vraiment du passé ? Le spectacle ne revêt pas la forme d’une fresque historique ou nostalgique. Il tente de mettre en lumière quelques facettes de la violence humaine, avec ses conséquences, en s’appuyant sur l’histoire pour envisager un point de vue universel sur la tragédie de la guerre, toujours très actuelle.
En éloignant toute conception fataliste de la guerre, le spectacle sollicite la responsabilité de tout un chacun. Sans aucune véhémence ni implication politique " c’est un message simple, rempli de paix et d’espoir que, sensibles à la violence de notre époque, nous avons senti la nécessité d’exprimer " (Alexandre Martin-Varroy).
" Spectacle de reprises, Ce soir, il pleuvra des étoiles se distingue par un répertoire rare et d’une grande densité, à la fois musicale et thématique. On y côtoie les horreurs de la guerre, mais aussi la recherche de l’évasion à tout prix. De chansons gaillardes en ballades romantiques, on y fait sans cesse le grand écart entre le désespoir et une légèreté des plus revigorantes.
Grand amateur de comédie musicale, j’ai souhaité en insuffler le rythme à la représentation. Il ne s’agit pas d’alléger les événements ou d’en diminuer la portée. Il s’agit de faire entrer le spectateur dans une farandole en apparence joyeuse et festive, mais qui sera systématiquement heurtée par la dureté des situations décrites. Il s’agit de le « brutaliser » par surprise, pour lui faire ressentir physiquement les déchirements imposés par les conflits évoqués.
Que ce soit en lettre ou en chanson, l’histoire, ici, commence presque toujours bien, mais elle finit presque toujours mal. Pourtant, les personnages se relèvent à chaque fois et continuent de croire en leur futur. Les jeunes gens qu’on découvrira sur scène vont tirer le meilleur de cette plongée dans la mémoire collective et donner au numéro final « C’est notre espoir » une portée profondément humaniste. "
Patrick Alluin
7, rue des Plâtrières 75020 Paris