D’abord, il y a Brel.
Et puis, il y a une chanson et ses personnages qui « ne causent pas », qui « ne pensent pas », qui « ne partent pas », qui « ne vivent pas ». Ses personnages aux traits saignants, et leur singulière relation au monde…
En ombre portée du nouveau spectacle d’Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou, il y a Ces gens-là, cette chanson-là, étourdissante de réalisme cru, de vérité brute, de violence nue.
Les deux chorégraphes lyonnais l’ont prise en mémoire comme une pré-danse, comme une trame invisible pour évoquer notre société de réseaux, éperdue par la vitesse, manipulée par le faux, engluée par le trop. Ils n’illustrent pas directement la chanson, mais y trouvent matière à réflexion afin que chaque interprète creuse son sillon, son trait propre, et que tous se relient dans la variation des points de vue.
Ils travaillent avec une équipe formidablement soudée depuis plus de quinze ans. Passant à un quintet, ils agrègent deux nouveaux danseurs issus d’un ballet de répertoire. Le partage est passionnant, quand s’amalgame l’histoire des esprits et des corps poussés jusque dans des états paroxystiques.
Un temps suspendu pour des corps sur-imprimés, sur-informés, comme une fusion des sens, des angles et des regards dont il convient de démêler le vrai du faux, le réel de la fiction.
Un point de départ pour une observation de la « matière humaine », de notre monde en boule à facettes étourdissantes.
159 avenue Gambetta 75020 Paris