Chœurs de Cordoue

« Ils ont en commun la passion de la musique et le goût du métissage. Elle, chanteuse à la voix d’or et au talent étincelant ; Lui, guitariste à la virtuosité rare et aux compositions éclectiques. Ensemble, ils forment un duo exceptionnel à découvrir. Aujourd’hui artiste phare de la nouvelle génération algérienne, Souad Massi s’inspire de son vécu et notamment de l’exil, pour écrire sur la nostalgie, la liberté et l’espoir. Avec justesse et lucidité, elle propose des textes humanistes, sensibles et poétiques. Sa voix douce et pure explore avec la même aisance la pop, le folk-rock, le chaâbi ou encore la musique arabo- andalouse.

Un éclectisme qui fait écho au parcours artistique d’Eric Fernandez, reconnu pour sa musique andalouse inspirée du monde entier. Guitariste de génie, il honore et perpétue l’âme flamenca, déjà riche des multiples influences culturelles rencontrées par les gitans pendant leurs voyages. Sa virtuosité est comme une offrande à la musique du monde et à ses origines gitanes andalouses. Accompagnés de trois musiciens et une danseuse, Souad Massi et Eric Fernandez unissent leur talent pour une soirée généreuse, sensible et ouverte sur le monde. Voilà une histoire d’amour. Ou encore une rencontre au sommet : ce pic au creux des étoiles et des vents solaires. Une visite cardinale en pays Dogon ne fournirait pas mieux comme glaise à cet attelage céleste. Songez : une chanteuse, ou plutôt une magicienne du chant, habituée à côtoyer de sa voix cristalline les plus belles cimes ; et un maestro, un guitariste virtuose, presqu’un chaman pour sa vertu à passer le mystère dans le moindre frémissement des cordes. Voici bien un duo stellaire dont l’appareillement brut mais élégant, parions-le, charriera bien des diamants dans le lit de son torrent... Car la langue exceptionnelle de Souad Massi, s’est alliée à la musicalité incomparable du guitariste Éric Fernandez, pour engendrer un roc d’une eau inouïe, parfait dans sa majesté de montagne dressée au pli du ciel méditerranéen. Une guitare, une voix. Mais la guitare vient du Flamenco et de Bach, elle a appris le pur désir ainsi que la mathématique du silence. Et la voix, elle, est celle des villages perchés et des oueds de Kabylie : elle sait le feutre de l’émotion comme la colère des orages. Cette intuition fondamentale qui les a fait se réunir pour s’unir dans la foudre et la douceur est un instant miraculeux.

Au plus proche de cette étincelle noire, tant recherchée des cantaores flamencos et des danseurs soufi. L’Une et l’Autre, si uniques dans leur dualité, vont marier leur grâce pour un miracle renouvelé. L’Une chantera, l’Autre piquera de ses mille éclairs le cordage rude de son vaisseau. Les deux tourneront autour des mots et des sons un vase-Babel d’une argile sûre, bruissant des langues et des musiques de tous les peuples... En conviant dans leur cortège un théorème d’amis et de poètes, ces deux là nous offrent une belle noria : tout un bataillon de fous magnifiques ensemence leur transe. Une fête d’anges et d’archers, bien installée au sommet du monde, là où le ciel n’est plus qu’un chant magique.»

Marc Roudier