Le Blues de la Casbah : histoire d’un genre populaire
La Boqala, poèmes de la Casbah
Calendrier
Ce programme de Chaâbi est né d’une idée de Martin Meissonnier et a été réalisé par Rabah Mezouane avec la complicité de Fellag
Le chaâbi, terme inventé par Safir Boudali, c’est ce style populaire qui a pris son autonomie, puis son envol au début du vingtième siècle. Influencé par l’andalou, il en a gardé le caractère modal. Mais, autant celui-ci se distingue par des formes et des mélodies savantes, inclinant vers l’apaisement, autant le chaâbi se vit et se chante comme un blues, au final toujours festif, prenant des libertés avec les figures imposées et exprimant le doute, l’amour sublimé ou contrarié, l’angoisse et les affres existentielles au quotidien.
Le chaâbi a jailli dans la basse Casbah d’Alger, en écho à une conjonction d’éléments socio-culturels, économiques et politiques. Inspiré de l’andalou dont il a adopté certaines structures mélodiques, il s’en écarte cependant au niveau thématique et rythmique tout en se distinguant par un phrasé et un ton particuliers. Les textes, fondés sur des proverbes d’hier et des maximes d’aujourd’hui, évoquent des situations proches du réel et des préoccupations du peuple tandis que les instruments (mandole, banjo, piano...) indiquent des intentions modernistes. Littéralement, le terme chaâbi signifie populaire et, de fait, il renvoie, sans exclusive, à tous les arts populaires, y compris les genres musicaux régionaux. Ici, il désigne un mode d’expression populaire citadin spécifique à Alger.
Nommé au début chaâbi-malhûn, car les poèmes composés sur ce registre étaient destinés à être chantés, le genre algérois a également beaucoup puisé dans le répertoire du malhûn dont le corpus est l ’œuvre d ’artisans marocains. Mais le modèle absolu demeure la qaçida (mot issu du verbe qaçada : tendre à quelque chose, se résoudre à), ce qui explique la tendance du poète à se résoudre à émettre un message, à narrer un vécu, ou une expérience, jugés digne d’être porté à la connaissance de ses contemporains. L’un des plus grands auteurs de qaçida fut Sidi Lakhdar Benkhlouf, natif de Mostaganem, ville de l’ouest algérien sensible aussi au chaâbi, et ses très longues strophes, en arabe dialectal, rappellent souvent les gloires du passé pour consoler de l’humiliation présente mais ne manquent pas d’embrasser tous les genres poétiques, du ghazal (amour) au madîh (religieux), en passant par le hidja (satirique) et le ritha (élégiaque). D’autres comme M’Barek Ben Latbak, El Hadj Aïssa ou Ahmed Ben Triki ont influencé de nombreux maîtres du chaâbi. Parmi ces derniers, le plus prestigieux reste El Hadj M ’Hamed El Anka, disparu en 1978. C’est lui qui a octroyé au chaâbi ses règles encore en vigueur à Alger. Pour éviter la monotonie, le fameux maître a utilisé le procédé bayt wa siyâh qui offre un choix de plusieurs thèmes mélodiques et rythmiques, traversés par des ornementations instrumentales, pour accompagner le chant.
Le bayt signifie un vers de poésie, mais devient, au sein de la qaçida, un couplet de vers chantés, accompagné d’instruments à cordes (mandole, banjo, guitare et piano), à vent (violon et flûte) et à percussion (derbouka et tambourin pourvu de cymbalettes). Le siyâh , ou istikhbâr, représente le prélude vocal et instrumental. Tout commence par un solo instrumental qui permet de donner la couleur du mode (tab’, échelle modale), ensuite le chanteur entame l ’interprétation du premier hémistiche du premier vers de l’istikhbâr auquel répond, en solo, un deuxième instrument, puis il reprend, à nouveau, le premier hémistiche suivi d’un deuxième sur fond d’un troisième instrument. Ainsi, l’istikhbâr revient au début de chaque couplet sur un mode différent. Sa fonction consiste à la fois à chauffer la voix et à préparer l’auditoire au thème général de la qaçida.
Musicalement, le chaâbi s’est, comme nous l ’avons déjà signalé plus haut, approprié quelques suites issues de l’andalou comme le raml el maya, le zidane, le mezmoum, l’iraqi et le ghrib tout en puisant dans les rythmes et les harmonies existant localement. On y trouve notamment beaucoup d’emprunts à la musique de Kabylie, région d’où sont originaires la plupart des ténors du style algérois.
Depuis les années 50 à nos jours, le chaâbi a été enrichi par de nombreux apports et, surtout, bénéficié de nouvelles compositions. Outre El Anka et Hadj M’Rizek, les plus créatifs sont El Hachemi Guerouabi, Amar El Achab, Dahmane El Harrachi, auteur de «Ya Rayah», succès international depuis sa reprise par Rachid Taha.
Rabah Mezouane
Sous la pleine lune, sur les terrasses de la casbah, des femmes récitent de courts poèmes espiègles et allusifs, magiques et divinatoires.
Ses vers merveilleux qui parlent d’amour, de séparations, de souhaits, de désirs secrets, de la mort et du temps qui passe. Ils sont l’âme de la finesse spirituelle algéroise.
Les poèmes de la Boqala sont déclamés, appris ou improvisés, lors d’un rituel nommé "Jeu de la Boqala".
Il est exclusivement réservé aux femmes. La séance se déroule dans un salon, une chambre ou sur une terrasse.
Une Boqala - un pot de terre avec deux anses
Un braséro
Sept parfums : benjoin noir, benjoin blanc, résine d ’élémi, bois d’aloès, coriandre,
encens, styrax ou myrrhe composent les éléments du rituel.
On procède à une fumigation pour éloigner les mauvais esprits et attirer les bons.
La Boqala vide et retournée va être passée plusieurs fois au-dessus du feu pour être purifiée, puis on la remplie d ’eau et on la couvre d ’un foulard.
Pendant cette opération l’officiante récite une invocation et le jeu rituel commence.
L’officiante invite les participantes à mettre dans le récipient un objet personnel : broche,
Boucle d’oreille, bracelet, épingle à cheveux …
Deux jeunes assistantes soulèvent la Boqala. La maîtresse de cérémonie récite une autre invocation plus courte et demande aux assistantes de penser à une personne de leur choix et de faire un nœud dans leurs ceintures, foulards, mouchoirs pendant qu ’elles pensent à cette personne.
La maîtresse de cérémonie récite un poème. L’une des jeunes assistantes plonge la main dans le pot, en retire un des objets et demande à qui il appartient. Dès que la personne s’annonce, l’officiante dit que le présage contenu dans le poème s’appliquera à elle.
Mardi 14 mai à 20h30 Ouverture du festival Chaâbi - La Boqala, poèmes de la Casbah avec Fellag, Baya Belal, Marie Brahimi, Fettouma
Mercredi 15 mai à 18h30 La Boqala, poèmes de la Casbah avec Baya
Belal, Marie Brahimi, Fettouma
Mercredi 15 mai à 20h30 Mohamed El Yazid, Kamel El Harrachi
Jeudi 16 mai à 18h30 La Boqala, poèmes de la Casbah avec Baya
Belal, Marie Brahimi, Fettouma
Jeudi 16 mai à 20h30 Naïma, Rachid Taha
Vendredi 17 mai à 18h30 La Boqala, poèmes de la Casbah avec Fellag, Baya
Belal, Marie Brahimi, Fettouma
Vendredi 17 mai à 20h30 El Hachemi Guerouabi
Samedi 18 mai à 15h30 Nourredine Alane, Boualem Rahma
à 18h30 La Boqala, poèmes de la Casbah avec Fellag, Baya Belal,
Marie Brahimi, Fettouma
à 20h30 Nassima, Amar El Achab
Dimanche 19 mai à 15h30 Nasredine Chaouli, Nadia Benyoucef, Abdelkader Chaou, Sid- Lekkam
Après chaque concert, la soirée se poursuivra au restaurant du théâtre avec Djaffar Benyoucef et ses musiciens.
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)