« Dans le futur, tout le monde aura son quart d’heure de célébrité. » Andy Warhol
Il y a Ulrika, Johnny et Stephanie, trois noms, trois voix, trois corps : trois « sortes de héros » qui vont se succéder, se transformer, se mélanger, entrer en compétition. L’enjeu de la compétition ? Etre la star incontestée de la soirée, celle qui « brille au milieu de la nuit ». Mais le jeu est faussé : tout au long de la performance - perversement orchestrée par Chris Haring - le dispositif scénique, chorégraphique et sonore les jette dans un mouvement continu de métamorphose.
Toutes les postures qu’ils tentent d’incarner pour nous séduire sont perturbées par des tics. Traversés par trop de discours différents, d’intensités déréglées, leurs corps et leurs bouches parlent contre eux. Ils deviennent « des projections de l’esprit du chorégraphe », incapables d’un quelconque contrôle sur eux-mêmes. « C’était vraiment étrange de vivre dans l’esprit de Chris » avoue Stephanie. La voix même, qui pourrait devenir un refuge, est parasitée, et devient l’enjeu d’une lutte : celui qui a le micro, c’est celui qui a le pouvoir.
Le danseur, sur scène, peut-il être autre chose qu’une identité traversée - par des codes, une histoire ? Comme des caméléons dont l’environnement changerait sans cesse, il leur reste à jouer ensemble, à se jouer d’eux-mêmes et des clichés qu’ils utilisent ; à produire une danse entêtante, d’une inquiétante perfection - mais faisant entendre dans ses grincements tous les balbutiements et les hésitations de l’individu qui la porte.
Les jeux sur le glissement d’une identité à une autre peuvent produire deux effets : un effet comique, et un autre - plus inquiétant. Chris Haring joue entre les deux, il fait glisser ses interprètes et nous glissons avec eux dans cette mise en crise de l’identité ; la scène devient le miroir de notre contexte, où la « fabrique du héros » équivaut à devenir « le meilleur de la moyenne ». Avec une ironie mordante, Chris Haring esquisse un univers où cette mise en avant de la star en soi pourrait remplacer toute identité, et où l’on pourrait entendre : « Vous faites quoi dans la vie ? Moi, je suis une sorte de héros ».
Gilles Amalvi
« We can be Heroes, just for one day
We can be us, just for one day. »
David Bowie
Chorégraphie, concept, direction artistique : Chris Haring
Texte, chorégraphie, danse : Stephanie Cumming, Johnny Schoofs, Ulrika Kinn Svensson
Photo, costumes : Erwin Wurm
Composition : Glim / Andreas Berger
Dramaturgie : Thomas J. Jelinek
Texte : Katherina Zakravsky
Vidéo : Mara Matuschka
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)