Dire pour ne pas cesser d'être et être pour ne pas cesser de dire, voilà bien ce qui hante ces 53 désastres, ces mesures écrites en état d'alerte. Créée in situ, performance physique et multimédia, La Course au désastre épouse un fait : une agonie symbolique, publique, générale, arrêtée et établie sur le corps d’un seul. Ce n’est qu’incorporé dans la chair de celui qui se laisse consommer que le désastre se sait trahi.
L’homme rayé des listes,
(l’homme HYC)
L’image raturée où s’impose la question permanente de la tenue de la figure dans l’espace et son rétrécissement, sa disparition. Depuis des années dans mon travail d’auteur j’ai développé un travail plastique sous forme de photos polaroïds. Il est de même nature que mon travail d’écriture. La position de ce corps coma, d’un corps extase prenant en charge, explorant, scrutant et transfigurant sa propre folie, pas la folie ordinaire d’un homme, non, la folie collective : miroir, mise à l’épreuve, disparition, aliénation. La position de ce corps est devenue anonyme, métamorphoses, il n’est plus question de savoir « qui c’est ? ». HYC, le personnage principal s’appelle HYC, il pourrait se nommer Vertige ou Lazare ou Vous. Un combat contre toute forme restrictive d’image ou de parole renvoyées, représentées de l’Homme, contre toute représentation qui tenterait à le polir, à le réduire, cela est une définition du poète, le port de tous les masques, la disparition de l’acteur dans l’œuvre, l ‘épreuve des limites.
Christophe Huysman
Une danse inédite : ce que le corps, la voix de l’acteur-auteur laisse capter, nouer ou dénouer, dans le contrepoint ou la confrontation de deux flux, celui de la Course au désastre, texte fondateur dans son parcours d’écriture, celui des Polaroïds, immense corpus d’instantanés du même auteur, travail plastique de presque 10 ans. Le flux de mots projetés où s’explore l’expérience de la perte, de la disparition, d’une mort redoutée, mais aussi de la résistance. Le flux d’un mur d’images où se cherche une accommodation improbable entre les postures excessives du corps, de l’autoportrait méconnaissable au sexe anonyme, et les étonnantes banalités transfigurées de nos environnements, toutes également exposées aux risques des défigurations, ratures et graffitis.
Jacques André
12, rue Léchevin 75011 Paris