La magie selon Thierry Collet ? Un art de la malhonnêteté dans un cadre inoffensif, une vue de l’esprit. Et pour le mentaliste qu’il est, un outil des plus efficaces (et jouissifs) lorsqu’il s’agit de décortiquer les mécanismes de propagande et autres délits de manipulation quotidienne, qui s’appuient sur les mêmes ressorts. Thierry Collet en faisait déjà la démonstration, seul, sur le plateau d’Influences. Partant du constat que le magicien est a priori un être solitaire, peu enclin à partager son pouvoir, pour Qui-Vive (spectacle de magie philosophique et théâtral), il recrute deux acolytes (Carmelo Cacciato et Kurt Demey), invités à disserter avec lui des techniques dites magiques et de leurs mises en application dans le monde réel de la politique et de la communication.
Détournement de l’attention, maîtrise des processus de perception du réel, d’engagement et du mensonge. Il s’agit ici de « faire de la magie et la commenter », de revisiter à trois interprètes les grands classiques de l’illusion, ou mener des expériences psychologiques à trois têtes et six mains. Illustrant l’affirmation selon laquelle le tour de magie n’est pas entre les mains du magicien, mais dans le cerveau du public qui regarde, Thierry Collet entend bien, avec cette nouvelle création, interroger le « pourquoi ça marche » de l’illusionnisme (plutôt que le « comment ça marche »). Et sortir le spectateur de son émerveillement passif devant des effets magiques reposant sur le seul secret, pour le mettre en état de « qui-vive », propice à la mise en route d’une pensée critique.
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