Elle et Lui
Telle une ombre gravée dans la poussière
Délicieuses
Ce programme rassemblera dans une même représentation le fruit du travail des chorégraphes Christine Bastin et Faustin Linyekula avec des danseurs hip hop sélectionnés sur auditions. Ces deux créations seront accompagnées de la reprise du succès de l’édition précédente, Délicieuses de Nathalie Pernette, qui a mis les baskets en pointe au son des "Inventions" de Bach.
Il n’y a pas de thème imposé dans les “variations” de Cités Danse, mais une même incitation adressée à des chorégraphes pour qu’ils mêlent leur imaginaire à l’univers du hip hop, avec des danseurs sélectionnés sur audition. Les rencontres ainsi provoquées s’avèrent le plus souvent surprenantes. Ce fut le cas l’an passé de la pièce conçue par Nathalie Pernette, “Délicieuses”, qui trouve d’inattendues accointances entre les lignes tour à tour fluides et brisées dont se délecte la gestuelle hip hop, et la mécanique parfaitement huilée des “Inventions” pianistiques de Jean-Sébastien Bach. Le hip hop en chemise à jabot dans l’écrin d’un salon de musique ? ça marche merveilleusement.
Aux côtés de la reprise de “Délicieuses”, quels assemblages trouveront à leur tour Christine Bastin et Faustin Linyekula ? Né au Congo, féru de poésie et de théâtre, Faustin Linyekula a fondé à Kinshasa, “dans les ruines du pays natal”, les Studios Kabako. Artisan parmi d’autres du formidable essor d’une danse contemporaine sur le continent africain, il cherche dans le langage du corps “la forme de la vie qui hurle”, en quête d’une beauté possible “malgré les soubresauts de l’histoire, de la guerre et des révolutions”.
Christine Bastin, quant à elle, emprunte d’autres chemins pour exprimer “la beauté de la faille”. Danse de femme, lumineuse et charnelle, qu’elle portera à hauteur de couple pour la création de
“Elle et lui”, toute en virtuosité, morcellements, rythmes et espaces solitaires.
“Avec leur danse, urbaine, brillante, toute de face, de virtuosité,
d'espaces solitaires ;
Avec leurs corps En rythme En mille morceaux, J'ai envie qu'il se tourne vers elle,
et elle vers lui, et que le temps se suspende…
Envie d'une brèche pour se dire homme et femme…”
Les costumes seront des vêtements d'aujourd'hui. La musique, en évolution, du rythme vers le silence. La lumière tracera, l’un après l’autre, et emboîtés l’un dans l’autre, des carrés de plus en plus petits, jusqu’à un lieu central où toute géométrie disparaît… à l’image de l’espace des danseurs, qui ira, se raréfiant au fur et à mesure du temps. Christine Bastin
"La route, le voyage, les rencontres, c’est un peu ça le théâtre. C’est passer un moment ensemble. Non seulement le passer ensemble sur scène, avec les partenaires, mais aussi avec le public. Au fond, si je fais du théâtre, c’est pour ne pas être seul. Ou pour l’être un peu moins. Alors, cette pièce, c’est ça : on s’arrête un moment et on demande: qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ? Qu’est-ce qu'on peut se dire ? Le respect que j’ai du public, il est dans ce fait que j’ai besoin de lui. Le public n’est pas obligé de venir, pas obligé de s'arrêter pour voir. Ce n’est pas lui qui m’a demandé de venir, c’est moi qui l’ai invité. Il se trouve que j’ai à lui parler.
L’idée de la pièce est partie de ça, précisément, de la route, du voyage, des rencontres. Comment se parler, comment se quitter. Je suis parti d'un tout petit dialogue entre deux personnages. Du texte avec de la danse, ça ne m'a jamais gêné, au contraire. Alors il y a deux répliques, trois fois rien, deux petites phrases anodines, de celles qu'on dit sur la route, on se rencontre, on fait un bout de chemin ensemble, même si on n'est pas pareil. Parce que dans ces deux répliques, tout de suite, il y a un contraste : ces gens ne parlent pas le même langage. Ils n’utilisent pas le même ton. Chez le premier, la langue est facile, la phrase est ample. Chez l'autre, c’est sec, violent, cassé. Mais c’est peut-être ce dernier, qu’on devine désarmé comme Ophélie avant de mourir, qui va nous étonner. Parce que le problème de la rencontre, de la route, du voyage, c’est aussi qu’il faut apprendre à se dire au revoir.
Pour moi, chaque pièce réclame sa technique propre. Celle-ci, conçue pour six interprètes, repose sur certains des principes de la “danse contact” et “release” telles qu'on les enseignait dans les années 60 et 70. La pièce dure vingt trois minutes. Juste assez pour voir les corps respirer, l’organique, le sensuel. Juste bien pour ne rien céder de mon côté… sentimental.”
Faustin Linyekula
Chorégraphie et mise en scène : Nathalie Pernette
“Les danses du mouvement hip hop m’ont toujours impressionnées ; un concentré de virtuosité, des états de corps inouïs, venus d’ailleurs..."
Nathalie Pernette
Avec “Délicieuses” créé avec succès l'an dernier à Suresnes, Nathalie Pernette confronte la mécanique rodée et bien huilée de la gestuelle hip hop à celle des “Inventions” de Jean-Sébastian Bach. Le hip hop en chemise à jabot dans l'écrin d'un salon de musique? ça marche merveilleusement. “Délicieuses” se joue des catégories et, au final, emporte l'adhésion tant le mouvement s'y donne en toute générosité.
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.
Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.
La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.