C’est l’histoire d’un gars qui a existé mais n’existe plus. Pourtant, il est toujours là ! Expression du passage délicat de l’adolescence à l’âge adulte, la pièce évoque ce moment particulier de la vie où le regard des autres sur soi change, où les repères se modifient. Le héros évoque le temps où il a perdu la trace de son enfance, il raconte sa propre disparition. C’est très « russe », tragique mais irrésistiblement drôle !
C’est dans une langue résolument décalée et absurde et dans une énergie tragi-comique, que ce personnage raconte au public des bribes de sa vie. Extrêmement pudique, il semble aller de digressions en digressions pour mieux masquer un désespoir que le spectateur devine, perçoit à travers les récits absurdes et comiques de la discipline militaire ou sa révolte encore présente face aux codes de l’école.
Grichkovets nous apparaît alors comme un nouveau témoin de cette fameuse « âme russe » que nous connaissons, nous Français, à travers le théâtre de Gogol ou de Tchekhov. Le personnage semble en effet un descendant de Platonov, Ivanov ou du Docteur d’Oncle Vania. Un siècle plus tard, il témoigne de ce même sentiment d’absurde face à la vie.
Alors que chacun peut ressentir, par moment, une impression de vacuité, d’inutilité passagère, notre personnage semble réellement bloqué par cette perception. Il est comme écrasé par son incapacité à construire quoi que ce soit dans cette société. Il n’est pas non plus suicidaire, il est handicapé par le sentiment de la finitude et de l’inutilité de toute construction personnelle.
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