Pour Constanza Macras, la danse est affaire de sens autant que de corps. Depuis ses débuts en 1997, la chorégraphe née en Argentine et vivant à Berlin cherche à faire coïncider ses créations avec les questions qui agitent le monde. Avec sa première compagnie, Tamagotchi Y2K, puis à la tête de sa troupe atypique surnommée DorkyPark, elle traite de la vie dans les mégapoles, de l’immigration ou des droits humains avec une vitalité provocante. Devenue une figure emblématique de sa ville d’adoption, elle nourrit sans relâche son regard critique des failles contemporaines.
Ses pièces, mêlant texte, danse, musique live et vidéo, lui ont valu en 2010 le prestigieux prix Faust de la scène théâtrale allemande. Dans On fire - The invention of tradition, créée en 2015, Constanza Macras a réuni des interprètes sud-africains et des performers installés à Berlin. En collaboration avec la photographe et vidéaste afro-américaine Ayana V. Jackson, basée à Johannesburg, elle dénonce la représentation néocolonialiste d’un Autre vu au travers de supposées traditions culturelles.
Derrière les clichés - dans tous les sens du terme - véhiculés par la presse, elle débusque les rapports de pouvoir et les séquelles de l’apartheid. À ces images ségrégatives, elle oppose la joyeuse vitalité d’une danse qui mixe allégrement gumboots, hip hop, zoulou et contemporain, dans un shaker chorégraphico-théâtral bouillonnant. « Je mélange. J’entrecroise. Je ne prévois pas tout », explique-t-elle à propos de son travail. Tout un programme !
Isabelle Calabre
« Entre danses zoulou et gumboot (...), entre danses contemporaine et hip hop, entre popping et waving, Constanza Macras concentre sa pièce essentiellement sur la danse. (...) On Fire est finalement une savoureuse satire qui se joue des clichés avec éloquence et humour. » Léa Chalmont-Faedo, Danse avec la plume, 7 octobre 2015
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