Tout a été vite pour Abou Lagraa : le Conservatoire de Lyon où il étudie, la rencontre avec le chorégraphe portuguais Rui Horta dont il sera l'assistant sur un projet au Ballet Gulbenkian, des échanges enrichissants avec Denis Plassard, Lionel Hoche ou la compagnie de danse urbaine Culture Street. Jusqu'à la création en 1997 de La Baraka, sa propre compagnie installée dans son fief natal Annonay, qui l'accueille depuis en résidence, et se situe enfin par la même occasion sur la carte de France chorégraphique.
Pourtant le parcours de ce jeune homme pressé est également rythmé par des actions de sensibilisation ou de formation des jeunes et des publics, en dehors des périodes de création, preuve qu'Abou Lagraa sait donner autant que recevoir. "Mon désir de chorégraphier s'impose à moi comme une nécessité de partager avec les spectateurs ma passion de la vie et des êtres humains, allant parfois jusqu'à la dérision" affirme haut et fort Lagraa.
Passage, Nuit blanche et plus encore Allegoria Stanza, pièce métisse pour danseurs de formation contemporaine et hip hop, ont imposé ce nom et ce style. Énergie, fluidité, écriture, la danse d'Abou Lagraa semble se régénérer en permanence dans les rencontres qui parsèment son parcours.
Cutting Flat, pièce pour dix danseurs contemporains, est une nouvelle étape. Abou Lagraa y questionne la place de l'individu parmi ses semblables, thème qui lui est cher. "Des soli, des duos amoureux ainsi que des rencontres à quatre ou cinq se succèdent les uns aux autres jusqu'à ce que des brèches s'ouvrent permettant la communication d'un espace à l'autre, faisant ainsi place au groupe" résume le chorégraphe. Cutting flat sera fait de plusieurs lieux d'intimité où le danseur se dévoile : un découpage très cinématographique où la danse s'invite à tous les étages. De nouveaux territoires qu'Abou Lagraa explore en toute sincérité. Suivez le guide !
Philippe Noisette
1, Place du Trocadéro 75016 Paris