" … la tête en sang, les organes éclatés, il atteint les limites de la souffrance humaine sans jamais trahir un seul secret, lui qui les savait tous. "
L'histoire
Un engagement théâtral
Une affaire collective
Une aventure qui oscille entre la pudeur et l’obscénité
L'été, à l'ombre d'une maison paternelle, dans un temps qui pourrait être celui des vacances, les secrets d'une famille réunie croisent les secrets d'Etat. Et l'histoire intime est traversée par les tremblements de l'Histoire. Un vieil homme doit répondre d'accusations très graves portées contre lui. Justice ou injustice. Réalité ou imaginaire.
Entouré d'un ministre, d'une conseillère en stratégie militaire, d'un responsable de parti politique, d'une avocate, d'un metteur en scène de théâtre, on dirait que la grande Histoire, au dehors, est en train de s'écrire avec les tremblements de l'intime sans qu'on puisse jamais repérer la main qui bat les cartes de la destiné.
A tous ceux qui se demandent à quoi peut ressembler aujourd’hui un engagement théâtral qui soit pleinement de notre temps, mais dont la modernité, cependant, ne se réduirait pas à l’accumulation de quelques signes d’époque ; à tous ceux qui s’interrogent sur la possibilité de créer aujourd’hui pour la scène, et d’une manière qui lui appartienne en propre, des poèmes qui soient à la fois accessibles et contemporains ; à tous ceux qui attendent de retrouver un plateau peuplé de personnages ou animé par des intrigues dont l’actualité, tant dans l’écriture que dans la mise en œuvre, ne nuise en rien, bien au contraire, au partage tacite qui s’établit entre acteurs et public, dans la pénombre sans paroles d’une salle ; à tous ces amis du théâtre, Joël Pommerat et la Compagnie Louis Brouillard apportent par leur présence quelques réponses, à raison d’une création par an, depuis quatorze saisons qui ont vu s’élargir sans cesse leur public de fidèles.
Avec douceur et fermeté, l’auteur-metteur en scène, au sein de la compagnie qu’il a fondée et qu’il dirige, réinvente à sa façon l’une des plus vérités les plus anciennes de la fabrique théâtrale : pour lui et tous ceux qui composent autour de lui - interprètes, scénographe et éclairagiste, responsable de l’écriture sonore - un cercle de collaborateurs d’une fidélité et d’une stabilité remarquables, l’art de la scène est affaire collective et affaire de temps. Affaire collective : aux yeux de Pommerat, les éléments sensibles et perceptifs d’un spectacle ne viennent pas se surajouter à sa forme écrite, mais font d’emblée partie intégrante de son écriture.
Bruits et musiques, corps et gestes, incidents impondérables ne confèrent pas simplement à l’œuvre une certaine épaisseur concrète de sens qui interviendrait après coup ; tous ces éléments nourrissent en fait, au même titre que l’écriture, un processus de création qui ne peut se conduire qu’à plusieurs voix. Un tel souci polyphonique réclame de longs mois de maturation.
Les textes de Pommerat, loin d’être clos dès avant les premières répétitions, continuent à se développer à toutes les étapes du travail (leur auteur ne les considère parfois comme tout à fait fixés qu’après des dizaines de représentations). Ainsi sont nées les créatures si étranges et si vivantes de Pôles (1995 : une chanteuse d’opéra qui souffre d’un mal inconnu, et dont la mère fut assassinée vingt ans plus tôt), Treize étroites têtes (1997 : une prostituée cardiaque qui cherche à visionner un film inspiré par sa propre histoire), ou Mon ami (2001 : un jeune homme hanté en rêve par l’œuvre inaccomplie de son défunt ami d’enfance).
“ Il y a de l’Euripide chez Pommerat : d’affreux secrets de famille, des incestes probables, de possibles meurtres, de sombres protocoles. Et cela dans l’allure d’un pastiche désenchanté. On craint de s’enfoncer dans le cérémonieux.
Soudain, tout s’ébranle, tout s’éclaire : ces revenants acquièrent les couleurs de la vie, ces ombres s’animent, ces spectres forment sonate. Tout devient brûlant, féroce, inouï. Chaque mot, chaque geste pèse et l’on mord dans cette parole qui devient chair. Ça devrait toujours être ça, le théâtre : une aventure qui oscille entre la pudeur et l’obscénité et qui requiert notre participation active et silencieuse. (...)
Si Pommerat s’encombre de parrainages crépusculaires (Kafka, Blanchot), il sait émouvoir et divertir. Sous l’étrangeté, il cherche le concret et sous le mystère, l’intense. Je n’ai rien vu de plus beau depuis longtemps. ”
Frédéric Ferney
Je suis tout à fait d'accord avec vous sur l'état que produit en nous cette pièce:on se sent à la foi emprisonné entre quatre mur qui se resserre au fur et à mesure de l'histoire que nous raconte joel pommerat et en même temps égaré dans l'abstraction et le vide le plus total.Cependant je crois que ce sentiment de "trop" voire d'insuportable que beaucoup d'entre nous ont ressenti vient du fait que nous ne sommes pas habitués à un théâtre dur qui nous met en face de la réalité de manière aussi transcendante,et c'est en ce sens que D'une seule main est un travail riche,donc necessaire.
D'une seule main est trop noir, trop neutre, trop froid, trop effrayant. L'état dans lequel vous met cette pièce est loin d'être agréable, mais malgré tout, bravo à M. Pommerat qui a réussi à trouver le son de l'enfer... Les acteurs sont malgré tout incroyables, et le ton neutre employé nous aide, les 15 premières minutes, à lire entre les lignes le texte lourd de sous-entendu. Pourtant, il est dommage que sur 1h30 de pièce, il y ait 1h15 de trop. Trop tirée par les cheveux, trop glauque, oui, c'est trop.
Je suis tout à fait d'accord avec vous sur l'état que produit en nous cette pièce:on se sent à la foi emprisonné entre quatre mur qui se resserre au fur et à mesure de l'histoire que nous raconte joel pommerat et en même temps égaré dans l'abstraction et le vide le plus total.Cependant je crois que ce sentiment de "trop" voire d'insuportable que beaucoup d'entre nous ont ressenti vient du fait que nous ne sommes pas habitués à un théâtre dur qui nous met en face de la réalité de manière aussi transcendante,et c'est en ce sens que D'une seule main est un travail riche,donc necessaire.
D'une seule main est trop noir, trop neutre, trop froid, trop effrayant. L'état dans lequel vous met cette pièce est loin d'être agréable, mais malgré tout, bravo à M. Pommerat qui a réussi à trouver le son de l'enfer... Les acteurs sont malgré tout incroyables, et le ton neutre employé nous aide, les 15 premières minutes, à lire entre les lignes le texte lourd de sous-entendu. Pourtant, il est dommage que sur 1h30 de pièce, il y ait 1h15 de trop. Trop tirée par les cheveux, trop glauque, oui, c'est trop.
Place de la liberté (Boulevard Foch) 57103 Thionville