Depuis de nombreuses années, on sait que Daniel Humair déniche les pépites les plus créatives du jazz hexagonal. Souvenons-nous entre autres du Baby Boom Quintet dans lequel il réunissait voici une décennie Matthieu Donarier, Christophe Monniot, Manu Codjia et Sébastien Boisseau, pour apprécier avec le recul la justesse de son oreille. Difficile de douter, il est vrai, que la paire Emile Parisien / Vincent Peirani, particulièrement active cette année en duo, allait frapper fort et toucher juste dans ce casting élargi. Ce fut parfaitement le cas.
Le son d’ensemble tire vers l’éclat et la brillance des aigus, ce que renforce l’activité du jeu de cymbales du leader, heureusement équilibrée par la rondeur des graves de Jérôme Regard. Le répertoire, toujours soigneusement présenté, équilibre reprises inattendues (et généralement inentendues : Joachim Kühn, François Jeanneau ou Jane Bloom) et pièces originales d’inspiration variée. Ce qui force l’admiration, c’est d’entendre comment les solistes s’approprient sous la conduite toujours attentive du maître le concept de « liberté contrôlée » qu’il aime défendre et illustrer. Soit une manière d’entrelacement perpétuel du respect des structures et d’encouragement à l’exploration spontanée, qui laisse en plan la traditionnelle séparation entre composition et improvisation. On admire tout autant la justesse avec laquelle Parisien et Peirani tour à tour émergent du flux collectif, s’échangent les premiers rôles ou enlacent leurs souffles. Une expression vivante, un engagement d’une expressivité très visuelle, toujours réjouissante et parfois drôle, comme la valse dégingandée introduite par Peirani.
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