Des harengs rouges

Résumé de la pièce
Note de mise en scène

Résumé de la pièce

Des harengs rouges, une pièce de Varoujean (Éditions des quatre vents) met en scène cinq personnages. Alexandre Barnier, médecin à la retraite, nous nous sommes permis de le rajeunir et de le mettre à la pré-retraite et sa femme Hélène, bourgeoise humaniste très chrétienne qui vend bénévolement "Les Mémoires du Général de Gaulle". Ils décident de recevoir un soir de fin décembre, trois "pauvres" sans abri qu'elle croise habituellement dans la rue : Margot, Auguste et Juju des sans domicile fixe truculents et hauts en couleur. Chacun a son franc parler aussi bien Margot qui remet la vie du médecin en question par ses interrogations et par ses provocations, qu'Auguste rusé philosophe des rues qui n'hésite pas à séduire Hélène. Juju, le troisième comparse ne parle pas. Il est enfermé dans une espèce d'autisme grognant qui lui permet de communiquer avec les autres par des sons d'animal. Face à trois personnages si singuliers, il n'est facile ni pour Hélène qui en bonne chrétienne veut les aimer, ni pour Alexandre qui suit le désir de sa femme sans vraiment s'impliquer dans l'histoire, de faire oeuvre de charité. Les pauvres sont sales, mal élevés et sans limite. La jolie soirée, la plus jolie table et la belle moquette sont vite tâchées de vin. Le drame, comme un ver dans une pomme, ronge l'atmosphère et l'eucharistie tourne mal...

Note de mise en scène

Le sujet des Harengs rouges est la rencontre de deux mondes opposés : celui des formallités, des règles, du " savoir-vivre bourgeois " et celui des Sans Domicile Fixe, sans formalités, sans règles et sans limites où tout est possible, ou tout peut déborder à n’importe quel moment, l’alcool aidant. Derrière un constat socio-économique contemporain, Varoujean nous dépeint avec humour et drôlerie, le mal-être intérieur d’un couple bourgeois qui, pour se donner bonne conscience, aide les pauvres. Les trois Sans Domicile Fixe qui mène une vie difficile, et sans repères sociaux, marginalisés par leurs états, ont à travers leur discours une vie plus en accord avec eux-mêmes. Plus de misère économique certes, mais plus de liberté intérieure car rien à perdre. Plus de force de caractère car nécessité de s’en sortir ; une rage de vivre. Où est la vraie misère et de quelle misère nous parle Varoujean ? Autant les trois pauvres vivent dans une misère économique, autant Hélène et Alexandre vivent dans une misère intérieure d’habitudes rassurantes.

- "Laissez-moi vous aimer, sinon que nous reste-t-il à nous ? "   dit Hélène à Margot.

Une de ces phrases percutantes et dramatiques dont regorge la pièce de Varoujean. La drôlerie de la situation, la cocasserie des personnages et leurs discours, rendent plus fort le sens de cette pièce qui fait un dur constat de notre société de " nouveaux pauvres " avec un humour décapant. Comme le dit l’auteur-acteur italien Dario Fo " Le rire, la rigolade sont le clou de la conscience... " Varoujean fait partie de ces auteurs qui derrière l’humour et le rire nous gifle l’esprit, nous secoue, nous provoque et nous réveille.

Paula Brunet-Sancho
Metteur en scène