Un père et son fils se retrouvent, après des années de séparation, en Israël. Le père y a perdu ses illusions voici longtemps, le fils y a perdu un bras récemment. Ils ont peu en commun malgré l'affection (ou le désir d'affection) qui les lie. Pierre Abram, député de Champagne, voudrait offrir à son fils une vie confortable d'héritier. jean-Ry veut inventer la sienne à Jérusalem, dans la compagnie de Mouryam, une belle Palestinienne. Pierre est le descendant du patriarche Abraham. jean-Ry (j'en ris) est celui d'Isaac dont Sara, la mère, a ri en apprenant la prochaine naissance. "A quoi veux-tu me sacrifier ? ", demande jean-Ry à son père. "je ne veux que ton bonheur" répond celui-ci, comme tous les parents prêts à tuer la personnalité de leurs enfants pour garantir leur sécurité. Mais au-dessus du village de Mouryam, un agneau prendra, une fois de plus, la place du fils...
L'auteur écrit
"Les déchirements que connaît aujourd'hui Jérusalem semblent symboliser les déchirements que connaît notre monde. Dans la ville de la Paix, il n'y a pas un Mur, mais des murs. Mur entre les peuples. Mur entre les hommes"...
La mise en Scène
Cette pièce est un itinéraire qui, de géographique, devient initiatique. La montée vers la ville, qui en constitue la trame, est aussi une aventure intérieure où présent et passé biblique se mêlent, où il faut suivre la route étroite, assouplir sa nuque raide, se délester de ses bagages et de ses certitudes, répondre aux questions du Sphinx et passer sur l'autre rive. Tout cela pour pouvoir enfin accepter l'autre... Le déplacement s'effectue en moto et c'est la gestuelle des comédiens qui communique l'impression de mouvement. Une musicienne donne la ponctuation musicale et la coloration des différents tableaux en utilisant les percussions et sa voix. Elle est également la récitante. La musique contribue à faire accepter l'irruption d'épisodes bibliques dans la réalité contemporaine comme un phénomène naturel. Sans perdre le caractère souvent comique du texte et l'opposition entre les deux personnages, les comédiens ont été orientés vers un jeu nuancé. Pierre Abram n'est pas seulement un notable satisfait. Jean Ry n'est pas qu'un idéaliste.
Geneviève ROZENTAL
Notes, 18/4/2000
6, rue Pierre-au-Lard 75004 Paris