Quittée par Voltaire, après dix ans de vie commune passionnée, fusionnelle et intellectuelle, Emilie du Châtelet s’interroge sur ce qui peut encore lui donner le goût de vivre… Elle écrit alors le Discours sur le bonheur.
Aujourd’hui, tous les magazines nous proposent à profusion de miraculeuses recettes de bien-être. Emilie du Châtelet, mathématicienne (traductrice des Principes de Newton), polyglotte, philosophe, comédienne et chanteuse d’opéras à l’occasion, semble nous indiquer l’essentiel de la stratégie du bonheur : « … il faut commencer par se bien dire à soi-même et par se bien convaincre que nous n’avons rien à faire dans ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables ». Il ne s’agit pas de consommer de la jouissance immédiate mais d’orchestrer tous les plaisirs possibles sous « … l’oeil vigilant de la conscience », dit-elle.
Libertine, grande amoureuse, gourmande, elle le fut et usa de toutes les libertés de sa classe et de son temps. Ce qui la rend exceptionnelle, c’est son goût profond pour l’étude, sa revendication féministe, son athéisme déclaré et la puissance de son énergie positive : « … c’est à la raison de nous faire sentir qu’il faut être heureux quoi qu’il en coûte... ».
Cette femme des lumières, sans aucun doute l’alter ego de Voltaire, nous laisse ce texte méconnu qui transmet avec une maestria mathématique et une grande bonne humeur la quadrature du bonheur.
A sa mort, Voltaire, désespéré, écrira : « Je n'ai point perdu ma maîtresse j'ai perdu la moitié de moi-même, une âme pour qui la mienne était faite, une amie de vingt ans que j'avais vu naître. »
« (…) Une pièce extraordinairement d’actualité malgré ses 250 ans : « … on n’est heureux que par des goûts et des passions satisfaites… » La Haute Marne Libérée
« (…) Une Emilie gracieuse, intelligente ; un « discours », certes, mais incarné, confié, chuchoté par moments. Un fin travail, et d’abord, une fine lecture. Le public a été ravi. » L’Est Eclair
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